Déambulons dans les rayons virtuels de la culture avec l’artiste Émilie Simon. L’autrice-compositrice-interprète, dont l’album Polaris est sorti cette année, évoque quelques aspects de son écriture et égrène les grands noms qui l’accompagnent de près ou de loin dans son processus créatif.
La minute avant de monter sur scène ?
Je crois que c’est le vide… J’ai toujours un peu de trac mais on est tellement dans l’écoute, dans la vigilance, dans l’instant, que plus rien n’existe. On est réellement concentré sur l’instant présent. Aucune pensée ne vient perturber cela.
Un album ou un morceau à écouter en se baladant dans une rue ensoleillée ?
Ah, il faut écouter mon dernier album ! Et plus particulièrement la chanson North Star, un titre qui donne vraiment la pêche. J’aime beaucoup son énergie. Quand on met ce morceau, cela améliore l’état d’esprit.
Lily Mercier en quelques mots ?
C’est un personnage que j’ai créé, qui a pris naissance dans le projet PHOENIX, sorti en 2023. C’est un personnage capable de se promener dans différentes dimensions, devenir vampire, mourir, revenir à la vie, aller sur une étoile, voyager à dos de tigre… Autant de choses que je ne peux pas faire, avec mes limites d’être humain. C’est mon héroïne, qui me permet de raconter mes histoires.
Un personnage littéraire qui vous a toujours fascinée ?
Il y en a beaucoup. Ce qui me vient, c’est le personnage du Comte de Monte Cristo : j’aime cette histoire de revanche mais qui est magnifique. Comment retourner des situations, réécrire son histoire.
Un film culte dont vous auriez aimé composer la BO ?
J’aurais adoré travailler sur L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Mais avec Danny Elfman ! C’est un film qui me touche et m’inspire.
Un auteur disparu avec qui vous auriez aimé dîner ?
J’aurais bien aimé dîner avec Serge Gainsbourg et parler de musique, de composition, d’inspiration, de perspectives sur la vie, l’art, la façon de s’exprimer dans la musique. C’est une personne qui m’a inspirée, toute jeune, c’est une figure que je trouvais magistrale et qui se détachait dans le paysage français. Son écriture raisonnait en tout cas avec ma sensibilité comme aucune autre.
Un album ou un morceau qui vous a fait basculer dans le monde des adultes ?
J’ai l’impression d’avoir assez rapidement su ce que j’aimais ou n’aimais pas. Je crois que je n’ai jamais basculé dans le monde des adultes. Au contraire, les groupes que j’ai découverts dans mon adolescence, comme The Cure ou Nirvana et qui m’ont forgée, sont toujours ancrés en moi. Je ne leur tourne pas le dos : ils font partie de moi.
Un poète de prédilection ?
Baudelaire, Rimbaud, Edgar Allan Poe, Oscar Wilde. Ce sont des classiques , des indémodables auxquels je reviens systématiquement.
Un album culte ?
Il y en a plein, mais je vais dire Blue, de Joni Mitchell. Cet album représente pour moi l’album parfait : l’émotion qui s’en dégage, la créativité et la beauté, des mélodies, sa chaleur, la qualité de chaque titre, c’est le développement d’un univers à part entière, la longueur parfaite qui donne toujours envie de le réécouter.
Votre BO préférée ?
West Side Story. C’est le premier film musical que j’ai découvert. J’ai dû le regarder en boucle pendant toute mon enfance, et pour moi, il représente la quintessence de la comédie musicale parfaite, l’esthétique, le génie des thèmes musicaux, le romantisme, l’énergie pétillante, la grâce. C’est bien sûr dû à la magie du travail de Leonard Bernstein.
À lire aussi
Écrire une musique de jeux vidéo, envisageable ou pas ?
J’aimerais beaucoup écrire pour les jeux vidéo, j’adorerais ça. J’aime ce côté quête, où il faut réussir quelque chose pour passer au niveau suivant, c’est une allégorie de la vraie vie. Peu importe le genre de jeu, du moment qu’il y a un peu de magie et de l’aventure.
Y a-t-il des livres, des contes qui donnent envie de composer ?
Oui, cela peut arriver. La lecture d’une histoire, d’une situation, que ce soit un scénario ou un livre, peut m’inspirer gravement.
Votre dernier rêve ?
Je rêve beaucoup que je vole et que je change de dimension. J’adore ça. Je suis comme Lily Mercier.