Le prochain roman d’Olivier Norek, Les Guerriers de l’Hiver, paraîtra le 29 août 2024. À quelques semaines de cette sortie très attendue, l’auteur français et son éditeur Michel Lafon nous ont confié un texte exclusif, rédigé sur mesure pour vous présenter son nouvel ouvrage. Savourez.
Il existe une guerre oubliée, et oubliés ont été ses soldats.
Durant tout un hiver, deux pays se sont affrontés, et cet hiver 1939 fut l’un des plus rigoureux de la planète. Moins 51 degrés. Lorsqu’ils s’arrêtaient de marcher, les soldats mouraient en quelques minutes. Lorsque, par malheur, ils transpiraient, ils gelaient sur place, et si d’aventure leurs mains touchaient du métal, c’est leur peau qu’il fallait arracher pour s’en détacher. On raconte même que certains d’entre eux sont morts en plein mouvement, alors qu’ils se battaient.
Hiver 1939, la Russie attaque la Finlande. La Russie, de 180 millions de personnes, attaque la Finlande, de 3 millions d’âmes. C’est un peu comme si la Russie ou les États-Unis attaquaient le nord de Paris. Imaginez un pays gigantesque de la taille d’un continent. Imaginez un pays minuscule. Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent. L’issue vous semble évidente et pourtant, pendant 113 jours, ces fermiers finlandais devenus soldats par la force des choses vont s’avérer de redoutables adversaires, rusés comme les renards qu’abritent leurs forêts, résistants comme les ourses qui défendent leurs petits.
C’est cette histoire que je suis allé chercher, ce sont les traces de ces soldats que j’ai suivies. Des hameaux de Laponie aux églises de la frontière finno-russe, des cimetières accueillant les tombes de ces héros jusqu’aux greniers de leurs descendants qui m’ont ouvert leurs portes, j’ai cherché et retrouvé les témoignages prêts à disparaître, les textes prêts à s’effacer, et les photos qui ternissaient déjà.
Puis j’ai rencontré Simo. Un gamin de trente ans et d’un mètre cinquante-deux, au regard doux et au sourire timide. Un gamin qui, pour protéger son pays, allait devenir une légende, un mythe terrifiant pour les Russes qui en viendraient à le surnommer la Mort Blanche.
Démon invisible, être surnaturel, soldat immortel, que de questions se poseront ses ennemis lorsqu’ils constateront qu’aucune balle ne le touche, alors que les siennes, sans jamais manquer, font mouche. Mais aussi, comment expliquer qu’avec un simple fusil de chasse ce jeune soldat ait été capable de toucher à près de cinq cents mètres des cibles que même l’œil ne perçoit plus ? Comment expliquer qu’encore aujourd’hui les plus aguerris des militaires soient incapables de répéter les mêmes tirs ?
Il faudrait encore que je vous parle de Leena, la formidable infirmière, messagère et opératrice radio qui les a sauvés plus d’une fois. Il faudrait que je vous montre « Tsunami », cette arme incroyable que les Russes ont prise pour un monstre des forêts. Il faudrait que vous rencontriez Juutilainen, cet officier venu tout droit des enfers et que même la mort n’osait pas regarder en face. Il faudrait que je vous emmène au milieu de cet hiver arctique, dans ces forêts infinies où, dans le blanc immaculé, on se perd en quelques pas.
Ce moment se nomme la Guerre d’Hiver. Il a été effacé des manuels scolaires. Seule une poignée de gens s’en souvient. Avec ce roman, ma plus grande fierté sera d’inscrire ces hommes et ces femmes à l’encre dans les mémoires, et de toujours leur être reconnaissant, puisque vous ne vous en doutez pas mais leur histoire a changé la nôtre.
Et il a fallu que je vous dise, au début de ce récit parfois incroyable, que tout est absolument vrai, sinon personne, absolument personne, n’y aurait jamais cru.