En 1989, voilà déjà dix ans de passés depuis la première sortie d’un rap sur vinyle. En une décennie, la culture Hip-Hop s’est imposée comme majeure. D’un phénomène spontané et désintéressé, elle est devenue une énorme source de revenus, de marges et un formidable ascenseur social.
1989 : Le Native Tongue
Dix ans après l’arrivée des Sugarhill Gang, la tendance Native Tongue voit le jour à New-York. Elle emmène le rap sur un terrain nouveau. Couleurs, humours, liens avec le jazz et samples en tout genre en sont les principales caractéristiques. Trois leaders dont les carrières vont, pour certains, couvrir trois décennies. Citons De La Soul, A Tribe Called Quest et Jungle Brothers. Alors que les N.W.A. dominent à Los Angeles avec des textes polémiques et que Public Enemy combat le pouvoir, l’esprit Native Tongue est une bouffée d’air frais. Les autres disciplines (Graffiti, DJ et danse) sont toujours très fortes. Le rythme et la diversité des productions rap s’accélèrent à une vitesse vertigineuse.
En France
Après les précurseurs new-yorkais, les maitres du graffiti Hip-Hop sont à Paris. En 1989, l’artiste Mode 2 célèbre le bicentenaire de la Révolution française avec des fresques magnifiques désormais historiques. Le rap français fait de plus en plus d’adeptes. Dans l’ombre et parfois sur les ondes de Radio Nova, les NTM, Assassin, Timide et sans complexe, Lionel D et d’autres s’investissent de plus en plus dans la discipline.
Dans Les Oreilles
De la Soul – 3 Feet High & Rising (1989)
Gang Starr – No More Mr Nice Guy (1989)
Jungle Brothers – Done By The Forces Of Nature (1989)
Public Enemy – Fear Of A Black Planet (1990)
A Tribe Called Quest – The Low End Theory (1991)
1991-1996 : les années en or
Sur cette période, le niveau des ventes explose, la popularité de la culture Hip-Hop aussi. Elle transforme de façon durable mode, mentalités et musique. Les Etats-Unis ne sont plus seuls. D’autres pays se lancent dans le rap à commencer par la France.
Aux États-Unis
C’est le temps des Cypress Hill, Wu-Tang Clan, Dr Dre, Snoop et leur G-Funk. New-York n’a plus le monopole. Les N.W.A. avaient déjà disputé la couronne. Cette fois, Dr Dre devient le roi. Sur cette période, lui et les artistes qu’il produit inondent la planète de leurs The Chronic, Doggystyle, Regulate et autre Doggfather. Un certain 2Pac impose son California Love. Il faudra l’arrivée de NAS et son Illmatic pour imposer de nouveau le rap new-yorkais.
En France
C’est parti ! Les maisons de disques investissent dans le rap. Ceux qui sont là depuis les débuts touchent leur rêve des doigts. Joey Starr et KoolShen (NTM) signent avec Sony. Les graffiti-artistes Mode 2 et Colt assurent l’image. Squat et Solo (Assassin) signent avec Virgin. Pour MC Solaar, ce sera Universal. Les IAM arrivent tout droit de leur planète chez Virgin. DJ Cut Killer, membre des I.Z.B., signe avec M.C.A. et ouvre les portes pour les DJ. Plus rien n’arrêtera le rap français. 30 ans plus tard, il sera la nouvelle variété française. Graffiti et danse passent au second plan.
Dans Les Oreilles
Cypress Hill – Cypress Hill (1991)
Suprême NTM – Authentik (1991)
Suprême NTM – Paris Sous Les Bombes (1995)
IAM – De La Planète Mars (1991)
IAM – Ombre Est Lumière (1993)
Gang Starr – Daily Operation (1992)
Pete Rock & C.L. Smooth – Mecca & the soul brother (1992)
Das EFX – Dead Serious (1992)
Dr Dre – The Chronic (1992)
Snoop Dogg – Doggystyle (1993)
Wu-Tang Clan – Enter The Wu-Tang (the 36 chambers) (1993)
Notorious B.I.G. – Ready To Die (1994)
MC Solaar – Prose Combat (1994)
Warren G – Regulate…G-funk era (1994)
Assassin – L’Homicide Volontaire (1995)
2Pac – All Eyez On Me (1996)
DJ Cut Killer – Hip-Hop Soul Party (1996)