Une tournée 2022 à guichet presque fermé, la complicité naturelle d’un père et d’un fils, des chansons rentrées depuis longtemps dans la mémoire collective que l’on retrouve réarrangés pour l’occasion. Jacques & Thomas forment une belle paire de « Dutronc » sur cet album studio tout neuf à paraître le 4 novembre. Une chouette collaboration qui pourrait bien se retrouver dans les meilleures ventes de cette fin d’année.
Tel Père…
Personnage indissociable de la chanson française depuis les années soixante (depuis ces fameux yéyés), Jacques Dutronc jouit depuis ses débuts d’un capital sympathie qui ne l’aura jamais quitté. Espiègle et beau gosse, dandy séducteur un brin provocateur, noctambule et mondain, il incarne dans le paysage de la chanson française des trente glorieuses cette jeunesse avide de rock’n’roll et de changement de ton. Un postulat qui n’exclut pas une forme de franchouillardise qui rassure et plait aux français et amuse outre-manche. Au point qu’au pays des swinging sixties (en Angleterre donc), on l’adore pour son côté beat/garage rock « à la française » que les éditeurs anglais ont souvent documentés.
A la différence de beaucoup d’autres chanteurs et chanteuses, Dutronc ne reprend pas des standards et succès anglo-saxon à la sauce « frenchy » comme l’ont fait un nombre incalculables de vedettes de l’époque. Non, lui préfère jouer ses propres compositions. Et il finira logiquement par se faire une place avec des singles qui ont quelque chose de plus à dire que oui oui oui l’école est finie ou que ça Twist à St Tropez.
Bien avant de faire équipe avec son fiston, Jacques Dutronc fait une rencontre fondamentale en la personne de Jacques Lanzmann, journaliste, auteur et parolier malin qui croque avec humour et poésie les travers de la société, des politiques, de la jeunesse, de la mode, de l’amour…
Les Cactus, Il est 5h Paris s’éveille, l’Opportuniste, les Play Boys, Les Gens sont fous-les temps sont flous, la Publicité, Fais pas çi-fais pas ça…la liste de tubes est bien longue mais rappelons-nous de le tout premier succès de cet autre grand jacques : Et moi, et moi et moi qui en 1966 pointe déjà du doigt le problème de la surpopulation mondiale et les déséquilibres que cela engendre : ultra-confort occidental, société de consommation exponentielle versus les pays du sud / tiers monde qui n’ont que peu à manger et s’entassent dans des bidonvilles. Visionnaire, décapant ou réaliste, on vous laisse choisir le bon qualificatif. D’ailleurs les trois sont autorisés.
…Quel Fils !
Si le fils Thomas Dutronc est aujourd’hui bien connu du grand public, lui s’est fait discret le temps de son apprentissage de la musique et plus particulièrement de la guitare. Et pas n’importe quelle guitare. Il l’a choisie manouche cette guitare et c’est -selon la légende- en arpentant le quartier des puces de St Ouen, haut lieu parisien du jazz manouche qu’il a fait ses gammes en épousant le style popularisé par Django Reinhardt. Un tour sur le net et vous pourrez vous rendre par vous même qu’il ne fait pas semblant et que ce fils de s’est fait un véritable prénom. Un « boeuf » ou un équipage de furieux gratteurs de cordes tel que le Trio Rosenberg, Angelo Debarre ou Romane et vous vous rendrez vite compte de la dextérité du fiston.
En parallèle à cela il aura collaboré avec des musiciens d’horizons différents, travaillé sur certains enregistrements de sa mère (Françoise Hardy), joue sur quelques réjouissantes B.O comme Les Triplettes de Belleville, le soldat rose et fait même quelques apparitions dans le cinéma.
C’est en 2007 que la donne va changer pour Dutronc fils. Fini l’ombre, voici donc la lumière. Un premier album, Comme Un Manouche Sans Guitare et un succès critique et public, nominations et récompenses diverses (Victoires de la musique, prix Constantin, disque d’or…). Un album qui fait appel à ses premiers élans musicaux et sa passion pour le jazz manouche sans pour autant oublier cet héritage paternel, entre chanson espiègle et variété populaire.
S’en est suivi plusieurs albums et des centaines de dates, dans des grandes salles ou des toutes petites à l’image là aussi de son paternel qui aura toujours navigué entre grand spectacle hyper-médiatisé (rappellez-vous Les Vieilles Canailles) et trucs plus modestes, à l’envie, un modus operandi surement plus proche des gens et de ses aspirations profondes.
Réunion de famille
On avait déjà bien flairé le truc venir avec cette version père & fils du Petit Jardin sorti sur l’album de Thomas Dutronc l’année passée (Frenchy). Une belle échappée familiale où la voix grave du padre résonnait sans fausses notes sur le jeu de guitare manouche du fiston. Le public et les critiques ont plébiscité cette tournée à rallonge des Dutronc qui a démarré au printemps 2022 et qui va se poursuivre en 2023. Pas de surprise donc de voir aujourd’hui paraitre l’album studio commun de ces deux sympathiques figures de la chanson et de la variété française.
Dutronc & Dutronc sera disponible dès le 4 novembre au format CD, Vinyle et Vinyle couleur