« Toute première fois » : un rendez-vous où l’on vous présente une œuvre ou un artiste avant-gardiste, qui a marqué le paysage audiovisuel. Aujourd’hui, on met Kendrick Lamar à l’honneur, alors que son cinquième album est dans les bacs après cinq années d’absence. Le saviez-vous ? Il est le premier rappeur à avoir obtenu un prix Pulitzer.
Kendrick Lamar : la naissance d’un génie musical
Kendrick Lamar Duckworth est né en 1985 à Compton. Il s’intéresse très tôt au rap et est un fan absolu de Jay Z, Tupac et Eminem. A 15 ans il est repéré par Dr Dre. Son premier album studio Good kid, M.A.A.D City sorti en 2012 signe le début d’une aventure musicale prodigieuse. Il s’est tout de suite fait remarquer pour son talent de MC et sa volonté d’innover et de pousser le rap à son potentiel maximum. Loin de suivre les tendances, il crée son propre univers et utilise une variété de styles musicaux et de flows pour créer des oeuvres uniques et spéciales. To pimp a butterfly sorti en 2015 témoigne bien de cette volonté d’expérimentation musicale. Jazz, G Funk, gangsta rap sont explorés dans cet album. Le rappeur utilise des procédés narratifs complexes, des récits non linéaires, et des sonorités particulières qui évoquent ce qu’il veut dire.
Kendrick Lamar, un rappeur engagé
Kendrick Lamar est également connu pour son engagement. Il capture avec brio les questionnements et inégalités qui subsistent en Amérique. Il s’élève contre les violences policières et le racisme en général. Il évoque également la culture toxique prônée par certains rappeurs qui encouragent leurs auditeurs à glorifier le crime et la violence. Il s’exprime sur l’alcoolisme comme dans la chanson Swimming Pool de l’album Good kid M.A.A.D city et contre la drogue. Ses morceaux sont poignants et pleins de symbolisme. Ils sont même utilisés comme hymnes, par exemple lors des manifestations contre les violences policières de Cleveland en 2015 (“We Gonna Be Alright”, de To pimp a butterfly). Il a également produit la bande originale de Black Panther, qui explore la question raciale à l’aide de l’univers fantastique de Marvel.
Le premier rappeur à obtenir le prix Pulitzer : la consécration
En 2018, Kendrick Lamar est le premier artiste qui ne fait pas du classique ou du jazz à obtenir un prix Pulitzer. C’est son album DAMN. qui est mis à l’honneur. Un réel chef d’oeuvre musical. La cérémonie l’a encensé en ces termes : “une collection de morceaux pleins de virtuosité, unifiée par l’authenticité de sa langue et une dynamique rythmique qui proposent des photos marquantes, capturant la complexité de la vie moderne des Afro-Américains”. C’est un grand pas pour la musique hip hop qui a longtemps été considéré comme de la sous musique. Cette nomination permet d’anoblir le genre et de montrer à quel point le hip hop mérite plus de reconnaissance au niveau des institutions.
Mr. Morale and The Big Steppers
Après cinq ans d’absence, Kendrick Lamar a déchainé la toile à la sortie d’un nouveau single nommé The Heart part 5. Ce single est d’une profonde sensibilité. Sur fond rouge et en se mettant en scène dans la peau de plusieurs figures marquantes de la communauté afro américaine, il s’exprime au sujet de la notion de “CULTURE” dans le monde du hip hop et ses travers parfois toxiques. Ce nouvel album, Mr. Morale and The Big Steppers est encore une fois un succès planétaire qui pousse plus loin encore l’exploration musicale et poétique de l’artiste. Un retour réussi qui régale ses fans.