Sept César dont celui du meilleur film, une critique dithyrambique, près d’un million d’entrées au box-office pour cette adaptation d’un classique littéraire et des spectateurs généralement conquis. C’est peu de dire qu’avec son huitième long-métrage, Illusions perdues, Xavier Giannoli a frappé un grand coup. Philippe Guedj revient sur ce grand film dans L’Instant Point Pop à la Fnac, à (re)découvrir en DVD et Blu-ray.
Illusions perdues, de quoi ça parle ?
« Adapté du célèbre roman en trois parties d’Honoré de Balzac, Illusions perdues suit l’ascension sociale à Paris, au début du XIXe siècle, du jeune poète Lucien de Rubempré, joué par Benjamin Voisin, qu’on avait découvert chez François Ozon dans Été 85. Protégé et amant de la noble Madame de Bargeton, Cécile de France, Lucien rêve d’un destin d’écrivain mais va finalement percer dans la capitale comme critique culturel. Un milieu alors corrompu où toute opinion s’achète et se vend et où la morale consiste généralement à créer de toutes pièces des polémiques pour éclabousser les ennemis du client. Bref, une mare impitoyable où notre jeune canard va laisser bien des plumes, après avoir nagé dans les fastes de la notoriété. »
Une adaptation fidèle au roman visionnaire
« Illuminé en voix off par le flamboyant verbe balzacien, Illusions perdues déroule deux heures trente d’un spectacle à la beauté visuelle à tomber par terre et qui file à la vitesse d’une rotative.
Depuis les paisibles parenthèses bucoliques jusqu’à la frénésie parisienne, Xavier Giannoli nous immerge dans une reconstitution minutieuse, nourrie de nombreuses scènes tournées en décors réels, des jardins du Palais-Royal à celui du Luxembourg en passant par les Grands Boulevards.
Mais surtout, fidèle à l’esprit visionnaire du roman, le réalisateur dresse un portrait fascinant d’une naissance, celle de la modernité médiatique et aussi de l’industrie de la communication et du spectacle, pour le meilleur et pour le pire.
On pourra, certes, suspecter Xavier Giannoli de se servir de Balzac pour régler quelques comptes à peu de frais avec la critique d’aujourd’hui, notamment lorsqu’il évoque l’effet de meute, mais le souffle romanesque et l’efficacité narrative d’Illusions perdues emportent tout sur leur passage. »
Des interprètes au sommet de leur art
« On est, bien évidemment, éblouis par cette pléiade d’acteurs incroyables, qu’il s’agisse du tandem formé par Benjamin Voisin et Vincent Lacoste, tous deux césarisés pour l’occasion, ou de la jeune actrice belge Salomé Dewaels, bouleversante dans le rôle de Coralie, la comédienne roturière éprise de Lucien.
Mention spéciale à Xavier Dolan, extrêmement touchant dans la peau de l’écrivain Raoul Nathan, le rival du héros et même à Gérard Depardieu qui semble enfin décidé à sortir son meilleur jeu dans le rôle jubilatoire de l’éditeur ogresque et illettré Dauriat.
Fresque presque aussi virtuose qu’un Liaisons dangereuses de Stephen Frears, voire qu’un Amadeus de Milos Forman, Illusions Perdues peut d’ores et déjà être considéré comme un grand classique du cinéma français. Un tableau éblouissant de cette comédie humaine si chère à Balzac. »
Rendez-vous le mois prochain pour un nouveau numéro de L’instant Point Pop à la Fnac !
—
Illusions perdues, disponible en Blu-ray et DVD
Vidéo et montage : Julie Fages
Présenté et chroniqué par : Philippe Guedj, journaliste du Point
Affiche : LAURENT LUFROY / COURAMIAUD – PHOTO : ROGER ARPAJOU
Extraits du film : © 2021 CURIOSA FILMS – GAUMONT – FRANCE 3 CINÉMA – GABRIEL INC. – UMEDIA
© 2022 GAUMONT VIDÉO EDV 1504
Aller plus loin :