Décryptage

Tu sais que c’est Jack White quand…

31 mars 2022
Par Julien D.
Tu sais que c'est Jack White quand...

L’incomparable guitariste originaire de Detroit s’apprête à publier Fear Of The Dawn, un 4e album solo qui confirme son goût prononcé pour la haute voltige électrique, le mixage érudit et les riffs qui font mouche. Sa marque de fabrique me direz-vous ? Pas complètement faux, mais réponse un peu laconique. Si l’auteur de l’hymne devenu mondial (Seven Nation Army) n’a jamais caché son gout pour le gros son, Jack White est en réalité beaucoup plus que ça.

L’incomparable chanteur-guitariste et multi-instrumentiste originaire de la ville de Detroit s’apprête à publier Fear Of The Dawn, un quatrième album solo qui confirme son gout prononcé pour la haute voltige électrique, le mixage érudit et les riffs qui font mouche. Sa marque de fabrique me direz-vous ? Pas complètement faux, mais réponse un peu laconique.

Si celui derrière l’hymne devenu mondial qu’est le tubesque Seven Nation Army n’a jamais caché son goût pour des formes de rock musclées et autres bangers aux décibels élevées, ce serait raccourcir l’histoire, la solide culture musicale et son appétence de touche-à-tout, que de cantonner un artiste tel que Jack White à quelques riffs qui bastonnent.

Tu sais que c’est Jack White quand…

… Dès les premières notes, tu vas l’avoir dans la tête toute la journée

ElephantEst-ce bien nécessaire de vous présenter le tube intemporel à résonance désormais mondiale (merci aux stades) que le duo composé de Jack et Meg White (The White Stripes donc) ont envoyé en orbite en 2003. Seven Nation Army, extrait de l’album Elephant, ce sont des centaines de millions de vues/streams, un titre au goût d’un rock néo-garage devenu aussi connu et repris que n’importe quel monument pop des années 60 et 70. Chanson de l’année, de la décennie voir du siècle pour certains, ou comment, avec brio, panache et inventivité, imposer dans les oreilles de tout le monde une simple ligne mélodique en boucle pendant 3 minutes 50. C’est la force du compositeur, le pouvoir de ses trouvailles en matière de riff de guitare et le talent du producteur/arrangeur de mister White. Des casquettes qu’il empile avec une aisance déconcertante et dont la simplicité cache in fine un travail précis et une créativité hors norme. Et le nouvel album n’est pas en reste puisque le premier single qui en est tiré Take Me Back, avec ses tourbillons fuzz, ses breaks supersoniques, sa reverb’ bien placée et sa rythmique puissante ont le même type de structures que le célèbre titre évoqué plus haut. Effet garanti et refrain inscrit dans votre cortex pour les prochaines 24 heures. Un peu comme ces vieux airs de blues qu’on sifflotte sans réflechir.

… Tu apprends que le gars vient de Detroit

The Stooges, MC5, The Supremes, Andre Williams, Hank Ballard, Mitch Ryder & Detroit Wheels et bien evidement l’indéboulonnable institution Motown hier. Underground Resistance, Eminem, J-Dilla, The Dirtbombs, Juan Atkins ou le controversé Kid Rock plus récemment.

Detroit, ville symbole de l’écrasante réussite américaine hier fait aujourd’hui parler d’elle avec une actualité beaucoup plus sombre, synthétisant tous les travers d’un ultra-capitalisme aveugle et assassin. Faillite, pauvreté endémique, spéculation immobilière… Heureusement les musiciens du cru quel que soient leur style, n’ont jamais baissé les bras et ont eux même organisé la résistance. Jack White est de cette trempe. Nourrit de toutes ces musiques qui ont façonnées la ville depuis les années 50 à aujourd’hui sans pour autant les plagier. Prenant et prônant une autre voie que celle exigée et voulue par l’industrie de la musique et prouvant à juste titre que l’on peut concilier une forme d’indépendance et succès : The Detroit spirit !

… Quand le résultat est en dehors des codes habituels

Et pour continuer sur cette même lancée. The White Stripes, The Raconteurs, Dead Weather… Jack White fait la musique qu’il veut, comme il veut, avec qui il veut. Homme orchestre, multi-instrumentiste chevronné (guitare, basse, batterie, claviers), il peut passer sans encombre de ce duo guitare/batterie qui l’a rendu populaire à des formes plus « classiques » de rock ou de folk avec les groupes évoqués. Fin connaisseur du patrimoine musical nord-américain que l’on raccourcit généralement au terme american folk music (blues/folk des Appalaches/gospel/country/bluegrass/cajun/old time music…), il n’hésite pas à se frotter ou s’inspirer de ces registres souvent considérés comme désuets ou ringards tout en gardant à l’esprit la spontanéité qui l’empêche de se retrouver à la place du musicien automate. Vous l’attendez branché sur du 220 volts, le gars déboule avec une vieille guitare qui aurait pu appartenir a Son House. A ce titre l’album prévu pour juillet 2022 (hé oui, dans la foulée de Fear of the Dawn) s’annonce entièrement acoustique. Il enfile aussi à l’occasion sa casquette de producteur pour des artistes bien éloigné du rock de Detroit (Loretta Lynn par exemple). Pour rappel il fut l’un des protagoniste et mécène principal de la série American Epic, une formidable série documentaire sur l’histoire de la musique enregistrée aux Etats-Unis.

… Quand tu vois inscrit Third Man Records au dos des albums

Tower Slipmat – Third Man Store

Il l’a souvent dit en interview, rien n’était calculé au départ. Ni ce tube qui ne lui appartient plus, ni le succès de sa « petite entreprise » qui, contrairement à d’autres, ne connait pas la crise, comme chantait notre Alain Bashung national. Car Third Man Records n’est pas juste un clin d’œil au film avec Orson Welles, mais une belle « anomalie » dans l’industrie musicale actuelle qui force le respect. Au départ simple label pour pouvoir héberger et maîtriser ses droits d’auteurs, royalties et mener à bien ses propres projets, Third Man Records implanté initialement à Nashville (ou Jack White réside depuis 15 ans) est devenu un studio d’enregistrement, une boutique/disquaire, studio photo et enfin depuis quelques années, une usine de pressage de vinyles réimplantée à Detroit, sa ville natale qu’il n’a jamais laissé tombé.

« A 16 ans, j’aspirais à un engagement fort comme entrer dans l’armée, devenir prêtre ou bien musicien ambulant » déclarait notre homme a un journaliste français il y a quelques années. Une telle personnalité ne pouvait donc qu’aller au bout de ses rêves et d’une démarche entrepreneuriale exigeante. Il a mis au point un format vinyle particulier (l’ « Ultra »), les codes et son identité graphique sont hyper travaillés et foncièrement reussis (on identifie très rapidement un disque de Jack White quand bien meme son nom n’apparaît pas sur le recto). Une démarche qui illustre parfaitement l’intégrité du bonhomme comme son besoin d’aller au bout de ses idées. Philosophie du Do It Yourself couplée aux royalties de Seven Nation Army lui permettent surement cette respectable philantropie. Un cercle vertueux devenu bien rare dans le monde de la musique et qu’on aimerait bien voir se dévelloper dans ce fameux… Monde d’après !

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Fear Of The Dawndisponible à partir du 8 avril 2022

Article rédigé par
Julien D.
Julien D.
Disquaire à la Fnac Montparnasse
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