Tu sais que c’est une série de Shonda Rhimes quand…

… tu as du Girl Power !

Shonda Lynn Rhimes n’a jamais caché son engagement féministe. Bien que la plupart de ses séries soient chorales, elles tournent souvent autour d’un lead féminin. Si Meredith Grey (Grey’s Anatomy) a dû sporadiquement laisser sa place à d’autres personnages, Olivia Pope (Scandal), Annalise Keating (How To Get Away With Murder) ou Alice Vaughan (The Catch) sont bien les vraies héroïnes de leurs séries. En action perpétuelle, utilisant toutes leurs ressources, parfois les moins morales, pour parvenir à leurs fins, les femmes de Shonda Rhimes sont des battantes qui nous emportent dans leurs luttes. Ces luttes peuvent être quotidiennes comme à Seattle Grace, à longue portée comme à Anderson/Vaughan Investigations ou même amorales avec les arnaques de l’éponyme Inventing Anna. Les héroïnes de Rhimes, quelles que soient leur couleur de peau ou leur sexualité, sont typiques des « personnages féminins forts » classiques. Elles peuvent pourtant s’enfermer dans un refus de demander de l’aide ou se laisser piéger par leur propre égocentrisme. C’est notamment le cas d’Addison Montgomery, puisqu’elle devra attendre son transfert de Grey’s Anatomy à son spin-off Private Practice pour trouver un relatif apaisement. Une série de Shonda Rhimes, ce sont finalement des héroïnes qui sortent les griffes pour s’imposer, mais doivent constamment vérifier leur propre soi, de peur de se blesser elles-mêmes.

… tu as du soap, encore du soap, et toujours du soap

Certainement l’élément qui sépare les fans des non-fans de Shonda Rhimes. Amatrice d’Urgences et de sa kyrielle ahurissante de couples, Shonda Rhimes a depuis pressé les ressorts de la romance, des triangles, des ruptures, des malentendus, des twists outranciers dans toutes ses séries, de manière plus appuyée. Comme dans un soap opera, la valse des sentiments est épaisse, turbulente. Grey’s Anatomy et ses spin-off Private Practice et Station 19 multiplient les couples. Les docteurs de Off the Map assument leur côté très névrosé. L’une de ses séries, Still Star-Crossed, sequel de Roméo et Juliette inspiré d’un roman, tourne tout entière autour d’un couple maudit, tel celui de Shakespeare. Couple maudit à sa manière que celui d’Olivia et Fitz dans Scandal, dû au statut de ce dernier comme Président des Etats-Unis. Le jeu du chat et de la souris épice la romance contrariée entre Alice et son ex-fiancé Ben dans The Catch.

Dans une série de Shonda Rhimes, il y a presque toujours des hommes concentrant tous les fantasmes des héros de soap : beaux, distingués, au statut avantageux, ultra romantiques… un parti pris assumé, sève de personnages comme Derek « Mamour » Shepherd (Grey’s Anatomy), Fitz Grant III, Benjamin Jones (The Catch) ou Simon Basset (La Chronique des Bridgerton) qui semble tout droit sorti d’un roman de Jane Austen – dont Bridgerton s’inspire ouvertement. Finalement, For the People fait office d’exception à Shondaland par son focus sur les relations amicales et pro au sein d’un cabinet d’avocats.

Le titre VF de Grey’s Anatomy résume tout à fait la vision de Shonda Rhimes : « A cœur ouvert ».

… tu as un cast divers

En 2003, il n’était pas si fréquent de proposer un cast embrassant une large gamme de genres, sexualités et couleurs de peau. S’inspirant généreusement de Kay O’Brien, une série médicale des années 80 qui comportait déjà un cast inhabituellement divers (et assumait aussi un soap massif), Shonda Rhimes prend un pari risqué. Lors du lancement de Grey’s Anatomy, les séries comportent généralement un cast monochrome, le plus souvent blanc, mais parfois noir (notamment les black sitcoms), le plus souvent hétérosexuel. L’accueil enthousiaste de la série et de son cast arc-en-ciel a permis à Shonda Rhimes de continuer à caster des acteurs et actrices captant une vision du monde dans toute sa multitude, dans une vision politique de gauche. Ainsi, la bisexuelle Callie Torres (Grey’s Anatomy) est devenue l’un des personnages LGBT+ les plus durables de l’Histoire des séries. How to Get Away with Murder, centrée sur son héroïne afro bisexuelle, fait aussi la part belle aux couples LGBT+ d’une manière plus poussée encore que les autres séries de Shondaland (Peter Nowalk, son créateur, est ouvertement gay).

Shonda Rhimes a favorisé la carrière d’interprètes alors en butte contre les tendances réac d’Hollywood. Une conséquence est la popularisation de couples interraciaux dans ses séries (tels Asher et Michaela de How to Get Away with Murder) à une époque où cela demeurait rare. Cet élément est si important pour Rhimes qu’elle va jusqu’à assumer une réécriture uchronique de l’Histoire dans La Chronique des Bridgerton, avec une aristocratie victorienne peuplée de personnages blancs et noirs – autorisant ainsi les couples mixtes comme Daphne et Simon. Cela n’a pas empêché certains critiques de pointer sa dépendance à certains clichés négatifs comme celui de la Jezebel (Olivia Pope).

… tu as des acteurs qui quittent soudainement la série

Un point récurrent des séries de Shonda Rhimes sont les départs souvent imprévus des acteurs. Série durant trop longtemps, controverses, désaccords créatifs, conflits d’ego… le drama chez Shondaland est aussi derrière les caméras.

Rege-Jean Page (La Chronique des Bridgerton) ne reviendra ainsi pas dans la saison 2, l’acteur est satisfait de l’arc de son personnage et préfère ne pas y revenir. Sara Ramirez ne donna à Shonda Rhimes qu’un préavis de 3 jours pour son départ volontaire de Grey’s Anatomy. Dans la même série, Patrick Dempsey et Katherine Heigl eurent une sortie de route brutale après que Shonda Rhimes se fut lassée du comportement de diva du 1^er, et de la critique de ses talents de scénariste par la seconde. Shonda Rhimes a parfois renvoyé des acteurs sous un prétexte douteux : Sarah Drew disparut de Grey’s Anatomy peu après avoir critiqué le traitement de faveur de certaines stars de la série côté salaire. Tandis que Tim Daly (Private Practice) fut éjecté juste avant la dernière saison pour cause de coupes budgétaires.

Travailler pour Shonda Rhimes est une opportunité, mais gare au turnover !