2021 fête le soixantième anniversaire de la carrière de Sylvie Vartan et la sortie de son dernier album, Merci pour le regard. En 65 albums, 1500 chansons et 40 millions de disques vendus, Vartan a marqué l’histoire de la chanson française grâce à de nombreux tubes. Revenons sur sa carrière et ses plus grands hits.
Une « panne d’essence » qui décolle une carrière
La carrière de Sylvie Vartan débute quand elle a tout juste 16 ans, en 1961. Elle saisit en effet l’occasion de chanter en duo avec Frankie Jordan, remplaçant au pied levé Dalida et Gillian Hills pour le single Panne d’essence. C’est son frère Eddie, conseiller artistique du label RCA, qui lui avait soumis cette idée. Malgré l’opposition de ses parents, Vartan enregistre la chanson. Son succès immédiat lui permet de chanter avec Gilbert Bécaud et Richard Anthony. RCA comprend vite qu’il vient de découvrir la première chanteuse rock française et lui propose un contrat. C’est le point de départ d’une collaboration fructueuse avec la maison de disques qui durera plus de 25 ans.
La carrière solo de la « lycéenne du twist », comme l’appelle la presse, est alors lancée. Elle se fait connaître du grand public grâce à de multiples invitations à la radio, à la télévision et même au cinéma. Son 1er hit solo sort en 1962 et s’intitule Tous mes copains. Il s’écoule à 400 000 exemplaires, et figure dans le top 10 en France. Ce succès, qui célèbre les amitiés adolescentes, fait mouche en pleine vague yéyé, et la place en tête d’affiche pour la tournée « Les Idoles des jeunes » organisée par l’Olympia.
Qui est la plus belle pour aller danser ?
1964 est une grande année où elle enchaîne Si je chante (plus de 450 000 exemplaires vendus) puis un titre inclus dans la BO du film Cherchez l’idole : La plus belle pour aller danser. Ce dernier hit permet à Vartan de se fixer à l’international, notamment au Japon où le single est vendu à plus d’un million d’exemplaires. C’est le premier d’une longue série de succès qui lui assure un public dévoué au pays du soleil levant.
Ce triomphe lui donne de l’aplomb à l’heure où elle lutte contre le sexisme du milieu du rock. Elle affronte par exemple la réception houleuse du titre Je voudrais être un garçon, car elle le chante en pantalon à la télévision. Ce succès de scandale annonce un autre hit de Vartan sorti quatre ans plus tard, Comme un garçon, revendication d’une expression de genre plus masculine. À ce moment, la vedette yéyé, qui pose fièrement sur « la photo du siècle » en 1966, commence à délaisser le rock pour un style plus proche du music-hall. Elle prépare par ailleurs une nouvelle décennie riche en « shows à l’américaine ».
Danse-là, chante-là
Dans les années 70, elle multiplie les projets, à base d’ouverture d’écoles de danse et de spectacles à gros budget. Son mariage en 1965 avec une autre idole des jeunes, Johnny Hallyday, a fait d’elle une véritable star glamour. Si le couple interprète plusieurs chansons, il demeure réticent à surfer sur la « vague des duos ». Pourtant, en 1973, J’ai un problème bat tous les records avec plus de 764 000 exemplaires vendus. C’est le premier des nombreux tubes estivaux que Vartan enchaînera pendant plus de 10 ans.
En 1974, elle s’essaie à la comédie musicale avec Je chante pour Swanee piloté par Maritie et Gilbert Carpentier. La BO du spectacle demeure à ce jour l’un de ses albums les plus vendus (plus de 200000 copies). Elle devient la première femme à se produire au Palais des Congrès où, dans un spectacle titanesque, se mêlent musique, ballet, hip-hop et pyrotechnie. Elle y chante ses nouveaux succès, dont Danse-la chante-la et surtout Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ?. Les ventes de ce dernier hit atteignent 611 000 exemplaires.
Ce n’est pas la première fois qu’on s’aimera
Toujours en partenariat avec son frère Eddie, elle enregistre fin 1979 le tube incontournable de sa discographie : Nicolas, extrait de son album Déraisonnable. Adaptée d’une chanson hongroise, Elmegyek. Ce titre a des accents qui rappellent ses origines slaves. 700 000 exemplaires vendus plus tard, Nicolas devient la chanson-phare de Sylvie Vartan, très souvent jouée en rappel encore aujourd’hui. Toujours en 1979, les enfants découvrent sa voix dans la jazzy Chanson de l’autruche de la comédie musicale Émilie Jolie.
A l’aurore des années 80, Vartan divorce de Hallyday et se remarie avec le producteur Tony Scotti. Mais sa vie artistique continue de briller avec L’amour est comme une cigarette. Ce tube estival lui assure une nouvelle entrée dans les charts en 1981. C’est aussi le cas de Tape tape, adapté en ballet lors de ses concerts de fin d’année au Palais des Sports. C’est en 1983 qu’elle sort le dernier single de sa discographie à atteindre le top des ventes : La première fois qu’on s’aimera. Depuis, Sylvie Vartan continue de produire un album tous les deux ans.
Rock, yéyé, disco, music-hall, comédie musicale, variétés… Sylvie Vartan n’a cessé de se renouveler. Elle est toujours aujourd’hui l’une des chanteuses françaises les plus prolifiques. En témoigne son dernier album Merci pour le regard.