Quand Julien Sandrel vise Vers le soleil

Julien Sandrel, auteur de merveilles

Il est des romans qui arrivent au bon endroit, au bon moment. Ce fut le cas de La chambre des merveilles, premier essai de fiction de Julien Sandrel et devenu un best-seller immédiat lors de sa parution en 2018. Ou l’histoire d’une femme qui décide de réaliser les dix aventures que rêvait de faire son fils dans sa vie, alors qu’il est plongé dans un profond coma. Traduit dans une vingtaine de langues, il est actuellement adapté pour le cinéma par Lisa Azuelos, avec un casting quatre étoiles : Alexandra Lamy, Muriel Robin et Olga Kurylenko.

Sandrel récidive l’année suivante avec La vie qui m’attendait, récit étrange d’une trentenaire qui n’a jamais mis les pieds à Marseille, alors qu’une vieille dame lui affirme l’y avoir vue. Un roman feel good qui interroge le lecteur sur la quête du bonheur.

Il détonne de son livre suivant, Les étincelles, un thriller économique doublé d’un complot mondial que vont tenter de déjouer une jeune fille de 23 ans et son petit frère.

Un nouveau roman ambitieux

Pour Vers le soleil, Julien Sandrel convoque ses thématiques habituelles (la famille, les choses que l’on est prêt à accomplir pour elle, l’identité, les rêves et ce qui nous dépasse dans la vie de tous les jours…) tout en rajoutant une dimension dramatique, au sein d’un décor paradisiaque. Situé en Toscane, on y suit le destin de Tess qui confie sa fille Sienna à un de ses oncles, Sacha, pour aller voir une de ses amies à Gênes. Mais le pont où elle se trouve s’effondre et elle est portée disparue. Problème : Sacha n’est pas l’oncle de Sienna mais un comédien engagé pour jouer ce rôle. Que va-t-il devoir faire si Tess ne revient jamais ? Dire la vérité à Sienna au risque de la perdre ou s’enfuir avec elle ? Sur plus de 200 pages, on vibre au rythme du destin de ces trois personnages devant affronter une réalité qui les submerge.

« Tourne toi vers le soleil, l’ombre sera derrière toi »

Comme à son habitude, Sandrel signe un récit feel good fort en suspens. On embarque sans rechigner pour ce road trip toscan aux côtés du duo Sacha/Sienna, non sans s’attacher à ces personnages que l’on apprend à découvrir au fil des pages. Le premier, comédien trentenaire désœuvré, embrasse à merveille ce rôle d’oncle dévoué, tandis que la jeune et vive Sienna saupoudre une fraicheur contagieuse sur cette situation tendue.

Ancrée dans le réel – l’effondrement du pont de Gênes en août 2018 – l’intrigue se déroule et nous maintient en haleine à chaque chapitre. Tess, coincée dans les décombres, va-t-elle s’en sortir vivante ? Comment Sacha appréhendera-t-il ce terrible dilemme : doit-il continuer à protéger Sienna en s’enfuyant avec elle, ou faut-il qu’il se résolve à renoncer à la garde de l’enfant, quitte à perdre tout ce qu’ils avaient pu construire à trois ? La sœur de Tess le confrontera d’ailleurs à la réalité en lui assénant cette tranchante remarque: « Vous pensez vraiment pouvoir vous enfuir, et vivre d’amour et d’eau fraiche avec cette enfant qui ne vous appartient pas ? »

Une jolie réflexion sur la famille et la parentalité, au cours d’un voyage agité en Italie, de Sienne à Venise. Toujours avec cette touche de poésie, que l’on retrouve à travers les surnoms fleuris qu’affuble Sacha à la petite, l’auteur nous livre un roman qui se lit facilement, et qui permet de se recentrer sur l’essentiel. La vie ne tient qu’à un fil et il est important de profiter de chaque instant, comme le note Sacha : « Je prends la résolution de déguster les petits riens du quotidien. De chérir tout ce qu’il y a d’extraordinaire dans l’ordinaire ».

Entre mensonges, secrets de famille et tragédie emportant tout, Vers le soleil est une véritable montagne russe d’émotions dont Julien Sandrel a le secret.

Un nouveau roman qui ferait une excellente adaptation cinématographique !

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Paru le 24 février 2021 – 270 pages