L’Instant Point Pop à la Fnac met à l’honneur un film choc sorti il y a plus de 25 ans : L’Âme des guerriers. Cette œuvre majeure dans l’histoire du cinéma néo-zélandais est rééditée dans un coffret exclusif incluant un documentaire et un livret de 40 pages. Philippe Guedj, journaliste du Point, décrypte la puissance et l’empreinte laissée par ce film encore aujourd’hui, où il est question d’identité et d’héritage. À (re)découvrir de toute urgence !
L’Âme des guerriers : de quoi ça parle ?
« Drame familial situé dans une communauté maorie de Nouvelle-Zélande, L’Âme des guerriers n’a pas pris une ride, et reste, 25 ans après sa sortie, un film d’une force phénoménale. Une expérience éprouvante et bouleversante qui laisse le spectacteur KO jusqu’au générique de fin, lessivée par la puissance de son histoire, par sa violence, mais aussi par la richesse de ses thématiques.
Adapté d’un best seller signé de l’écrivain maori Alan Duff paru en 1990, L’Âme des guerriers raconte le quotidien de Beth et Jake Heke, un couple marié vivant avec quatre enfants dans un quartier pauvre d’Auckland. L’aîné de la fratrie, Nig, a quant à lui quitté la maison pour intégrer un gang maori et fuir la misère d’une existence sans avenir. Le domicile de la famille Heke est le théâtre de violences. Sans emploi, alcoolique et violent, Jake délaisse son devoir de père de famille pour se soûler dans les bars, laissant à Beth le soin d’élever les enfants du mieux possible. La vie dissolue et destructrice de Jake va peu à peu contaminer la vie de famille jusqu’à atteindre des proportions dévastatrices, et pousser Beth à se dresser contre son mari. »
L’Âme des guerriers : un film au réalisme saisissant
« À l’époque de sa sortie en 1994, le 5 juillet 1995 en France, L’Âme des guerriers fut un véritable choc, en raison notamment de scènes de violence conjugale et familiale insoutenables, filmées avec un réalisme cru par Lee Tamahori, qui réalisait ici son premier long métrage à l’âge de 43 ans. Le virage tragique du récit à mi-parcours ne fait rien pour ménager nos nerfs mis à rude épreuve. Pour autant, le film parvient à ne jamais sombrer dans un misérabilisme complaisant. D’abord par sa mise en scène inspirée, efficace et intelligente, mais aussi par l’excellence de son écriture à la fois alerte, et qui nous sait aussi nous faire ressentir la terreur qu’inspire Jake lorsqu’il part en vrille. »
Beth Heke, portrait d’une femme forte
« Magnifiquement porté par ses deux interprètes principaux, Rena Owen et Temuera Morrison, le film reste un état des lieux édifiant de l’identité et de la situation de la communauté maorie en Nouvelle-Zélande. C’est aussi un magnifique portrait de femme, Beth Heke, dont la force de résilience et la puissance des racines maories vont l’emporter sur la peur de son mari, bientôt abandonné à sa médiocrité.
Hommage à la noblesse d’une culture ancienne écrasée par la modernité, manifeste féministe foudroyant, L’Âme des guerriers reste une date importante du cinéma néo-zélandais, qui mérite toujours le concert de louanges qui accompagna sa sortie il y a plus de 25 ans. »