LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Martine L. (Lyon). Thomas Snégaroff est journaliste et enseignant, auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux Etats-Unis. Avec Putzi, le pianiste d’Hitler, il se penche sur la vie d’un marchand d’art dans le New York des années 1910. David Marwell et sa compagne Judith se rendent au domicile d’Ernst Hanfstaengl, dit Putzi, pour réaliser un synopsis, qui ne deviendra jamais un film, sur la vie de cet homme.
Putzi
Le coup de cœur de Martine L. (Lyon)
Thomas Snégaroff est journaliste et enseignant, auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux Etats-Unis. Avec Putzi, le pianiste d’Hitler, il se penche sur la vie d’un marchand d’art dans le New York des années 1910. David Marwell et sa compagne Judith se rendent au domicile d’Ernst Hanfstaengl, dit Putzi, pour réaliser un synopsis, qui ne deviendra jamais un film, sur la vie de cet homme.
Putzi, « petit bonhomme »
Putzi est né en 1887. Il est allemand par son père et américain par sa mère. Il grandit dans un quartier chic et résidentiel de Munich avant de partir pour les Etats-Unis. Depuis son enfance, on le surnomme « Putzi », ce qui signifie « petit bonhomme » en dialecte bavarois. Il mesure pourtant deux mètres mais dégage une certaine douceur. Dans les années 1910, Putzi vivra des histoires d’amour avec Djuna Barnes, écrivain, et Mary Foote, peintre. Il est attiré par les artistes. Mais en juin 1917, une loi décrète que les germano-américains sont des espions. Il sera sauvé in extremis par Franklin Delano Roosevelt, mais doit quitter l’Amérique. L’avenir de Putzi sera donc allemand. En 1920, il épouse Hélène Niemeyer, fille unique d’un homme d’affaires. Pas d’amour entre eux mais chacun réalise une bonne affaire. Ils auront une fille Herta et un fils Egon. Sa fille adorée décédera à l’âge de cinq ans. Il sera l’ami d’Hitler puis l’informateur du Président Franklin Delano Roosevelt. Il n’en tire ni honte, ni gloire. Il sait qu’Hitler a souhaité sa mort et a tenté de le faire disparaitre : il a donc dû s’enfuir.
Sa rencontre avec Hitler
Hitler se régénère en écoutant Wagner. Putzi joue du piano et interprète des marches militaires et du Wagner. Mais ce n’est pas un virtuose. Un homme va les réunir. Putzi va donc devenir « le pianiste d’Hitler », un surnom un peu réducteur pour lui. Il rencontre Hitler pour la première fois le 21 novembre 1922. Il contribuera à son ascension en lui présentant la haute société munichoise. Il faut noter que la famille Hanfstaengl est l’une des plus illustres de Bavière. Wagner, Liszt, Strauss ont fréquenté la maison familiale.
Son admiration pour Hitler
En 1922, Putzi entre dans le monde du national-socialisme. Il est hypnotisé par le charisme et la voix d’Hitler. Mais il est aussi avide d’honneur et de pouvoir. De son côté, Hitler admire Putzi, ce qui inquiète son entourage. En 1924, Putzi découvre la version complète de Mein Kampf. Il n’est pas surpris par le texte, mais son souhait est de convaincre Hitler qu’un rapprochement avec les Etats-Unis pourrait asseoir son pouvoir. La bataille est perdue. Hitler considère les Etats-Unis comme des ennemis. Il préfère alors s’entourer de Joseph Goebbels, Rosenberg et Hermann Esser. Putzi est éloigné du Führer en raison de ses idées. Il vit des périodes difficiles. En 1931, après réflexion, il prend enfin sa carte du Parti. 1933 s’annonce comme une année favorable pour le parti nazi et pour Putzi. Il devient responsable de la presse étrangère du Reich. Mais les péripéties sont loin d’être terminées. C’est un superbe récit sur la vie de cet homme cultivé, charmeur et excentrique. C’est également l’histoire d’un siècle de splendeur et de désastre, avec la montée du nazisme. Nous apprenons beaucoup à travers une étude psychologique du comportement d’Hitler. Se mêlent également des personnages tels que Thomas Mann, Carl Jung, Romy Schneider …
Un livre très documenté, agréable à lire qui relate une partie de l’histoire de l’Allemagne.
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Parution le 1e octobre 2020 – 352 pages