LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur d’Alain L. (Levallois-Perret). Inge, « ma grand-mère maintenait ses petits-enfants à une certaine distance. C’était une femme qui avait la critique plus facile que le compliment. » Svenja O’Donnel nous livre le récit de la vie mouvementée de son aïeule.
Inge en guerre
Le coup de cœur d’Alain L. (Levallois-Perret)
Inge, « ma grand-mère maintenait ses petits-enfants à une certaine distance. C’était une femme qui avait la critique plus facile que le compliment. » Svenja O’Donnell nous livre le récit de la vie mouvementée de son aïeule.
Inge se raconte
Cette relation difficile s’éclaircit lors d’un appel téléphonique de l’auteure à son aïeule depuis Kaliningrad, ville qui s’appelait Königsberg quand elle y vécut. Pas à pas, lors de rencontres, Svenja recueille certaines confidences, jamais dévoilées. Cette femme a vécu tant de choses ; un bonheur éphémère, une trahison, de grands malheurs, des violences, la faim.
Ce récit basé sur la vie de cette jeune allemande, est complété par une enquête minutieuse de sa petite-fille Svenja dans les lieux fréquentés par Inge et des heures de recherche passées dans les livres ou sur Internet.
L’épreuve de la guerre
Fille unique, Inge fut choyée par des parents qui satisfaisaient ses moindres caprices, dans cette Prusse orientale. En septembre 1940, elle débarque à Berlin, à seize ans, pour y faire ses études. Accueillie au sein d’une famille aristocratique, elle s’émancipe, apprécie les soirées rythmées par le Swing venu d’outre Atlantique, bien qu’interdit, et tombe sous le charme de Wolfgang, le fils rebelle de cette maisonnée. Un retour brutal auprès de ses parents, durant l’été 1942, marque la fin de l’époque heureuse et insouciante. Le pire est à venir. Devant tout abandonner, face aux troupes russes, la fuite au Danemark est une véritable punition avec les privations et le rejet des réfugiés par la population.
Avec douceur et tact, Svenja parvient à recueillir des éléments de la vie d’Inge, si difficiles à transmettre, marquant à jamais les descendants.
Un récit plein de franchise et d’humilité qui éclaire sur ce qu’une guerre laisse comme traces indélébiles et cachées. Un livre dense, très documenté, où grande Histoire et vies privées sont habilement tissées. Très réussi.
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Parution le 26 août 2020 – 368 pages
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Pierre Guglielmina