Première rentrée littéraire pour Nicolas Rodier avec Sale bourge aux éditions Flammarion… Et pas des moindres ! Un roman bouleversant qui traverse et pénètre au coeur de la violence et ses déterminismes.
« Ça faisait longtemps que j’attendais ça et maintenant, je n’ai qu’un envie, en publier un deuxième. »
Nicolas Rodier : « La première chose était de faire un livre qui dénonce les certaines pratiques d’un milieu bourgeois que j’ai pues observer dans mon enfance et mon adolescence, de dénoncer leur ignorance, leur valeur, une certaine idée qu’ils ont d’eux-mêmes et de la famille, comme cet espace unique, spécifique, dans lequel on s’autorise des violences qu’on ne s’autorise pas ailleurs.
La deuxième idée était de faire un roman qui puisse aborder et engager une refléxion sur la question de la violence en générale avec cette idée que, pour moi, on ne choisit pas d’être violent. J’avais vraiment besoin de trouver un cadre fictionnel, sur la base d’éléments autobiographiques, qui me permette d’être à la fois un personnage qui subit la violence et aussi un personnage qui en exerce. Je voulais vraiment aborder ces deux aspects de la violence. »
Parmi les personnages que vous avez créés, à qui aimeriez-vous ressembler ?
« Aucun. »
Quelle est la signification de l’épigraphe de votre livre ?
« C’est une citation de Gilles Deleuze. Elle veut dire qu’il n’y a pas de pensée sans précarité, sans remise en cause, et que, si on veut devenir un petit peu plus intelligent, il faut sortir de sa zone de confort. »
Où écrivez-vous ?
« J’écris à mon bureau, chez moi. »
Quel est le sujet du livre ?
« L’ouverture du roman c’est Pierre, une trentaine d’années, qui sort du tribunal, condamné pour violences conjugales avec une injonction de soin.
En fait, tout le roman est la tentative du personnage pour comprendre les différentes étapes qui vont l’amener dans cette situation, à détruire son mariage et sa vie, alors qu’à plusieurs reprises il avait essayé de s’échapper ou de fuir ce milieu. Il est rattrapé en dernière instance par les mécanisme et le déterminisme de la violence, et de toute la puissance de ce système. »
Quel livre auriez-vous avoir aimé écrire ?
« C’est peut-être Portnoy et son complexe de Philippe Roth. »
Qu’avez-vous fait juste après avoir terminé l’écriture de votre livre ?
« Là, dans le cas précis, je suis allé boire une bière. »
Pouvez-vous nous éclairer sur ce titre ?
« Pour moi c’était intéressant que le titre soit au singulier. Le roman est tout ce mouvement : comment on passe de “sales bourges” au pluriel à “sale bourge” au singulier ? Et c’est ce qui va arriver à Pierre peu à peu, cette injure va le structurer et devenir un miroir -un miroir déformant, certes- mais constitutif de son identité, de ses actes, de la perception qu’il a de lui-même et de cette honte qu’il ressent profondément, depuis le début, d’appartenir à ce milieu. »
Vous souvenez-vous de la première phrase de votre livre ?
« Non mais comme elle a changé récemment ! Attends… Je crois que c’est : “Je suis assis dehors dans le jardin.” »
—
Parution le 19 août – 224 pages