L’Instant Point Pop à la Fnac c’est le rendez-vous cinéma/série TV incontournable. Au programme de cette émission mensuelle : Philippe Guedj, journaliste du Point, nous présente une série ou un film événement. Après avoir raflé toutes les récompenses du meilleur acteur, impossible de passer à côté du Joker de Todd Phillips, incarné par Joaquin Phoenix. Un portrait et une lecture de l’ennemi juré de Batman comme on ne l’a jamais vu…
Joker : un anti-héros primé
Lion d’or à la Mostra de Venise, Golden Globe et Oscar du meilleur acteur pour Joaquin Phoenix, OVNI parmi les productions DC Comics, le Joker de Todd Phillips a mis presque tout le monde d’accord. Le réalisateur de Very Bad Trip s’éloigne de son registre habituel et raconte sa propre version des origines du Joker dans une ville de Gotham pourrissante et rongée par la corruption au début des années 80. Pas de Batman dans cette histoire puisque Bruce Wayne n’est encore qu’un enfant. La véritable star du film est un certain Arthur Fleck, artiste de scène raté vivant seul avec sa mère. Il fait le clown pour vivre, sans succès, et souffre d’une dépression chronique et d’une déficience mentale qui lui vaut d’être régulièrement humilié en public. Le décor est planté…
Portrait d’une époque
Le film n’est pas sans défauts : un scénario parfois prévisible, une sociologie un peu pachydermique sur la thématique des élites contre le peuple… Il est cependant impossible de nier le magnétisme de cette version très sombre du Joker, qui aura su capter la colère d’une époque. Qu’on l’aime ou non, le film va rentrer dans l’histoire du cinéma pour cette raison.
Todd Phillips avoue avoir tourné les Very Bad Trip sous l’ère Obama quand il avait envie de faire la fête, alors que Joker, tourné sous Trump, est au contraire l’oeuvre d’un cinéaste qui n’a plus le coeur à la fête, dans une Amérique en proie à toutes les tensions. Il se trouve que le Président américain a vu et aimé Joker, ce qui montre toute la force du film : l’évocation d’une fureur sociale qui parle à tout le monde, quel que soit le bord politique, dans un récit qui nous renvoie en permanence à l’actualité récente.
Un Joker qui restera dans les annales
Ajoutez à cela une superbe direction artistique, très influencée par le cinéma américain des années 70, un Joaquin Phoenix proprement effrayant qui a perdu plus de 23 kg pour le rôle et s’est entraîné comme un forcené pour trouver le rire le plus terrifiant possible au personnage (il raisonne encore dans nos têtes !). Le tout mélangé à une grosse polémique autour de la violence du film, et vous obtenez un véritable phénomène de société qui a pulvérisé le milliard de dollars de recettes au box-office mondial ! Et tant pis pour Jared Leto…
Rendez-vous le mois prochain pour un nouveau numéro de L’instant Point Pop à la Fnac !
