LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau). Mais qu’ont en commun toutes les femmes que l’on rencontre dans le livre de Julia Phillips ? Après la disparition de deux petites filles, c’est une succession de tranches de vie de femmes, plus ou moins jeunes, vivant dans la péninsule du Kamtchatka, toutes travaillent ou étudient, toutes ont une vie remplie, utile, en projet, en devenir.
Dégels
Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau)
Mais qu’ont en commun toutes les femmes que l’on rencontre dans le livre de Julia Phillips ? Après la disparition de deux petites filles, c’est une succession de tranches de vie de femmes, plus ou moins jeunes, vivant dans la péninsule du Kamtchatka, toutes travaillent ou étudient, toutes ont une vie remplie, utile, en projet, en devenir.
Des femmes dans leur quotidien
L’idée d’une série de nouvelles nous effleure. Puis l’on comprend que toutes ces filles, mères, amies ont un lien avec la disparition initiale.
Le charme du livre tient aux détails de la vie quotidienne d’un pays aux traditions inconnues, et qui cependant ressemblent beaucoup à notre civilisation : le racisme y est flagrant.
La vie des femmes est à la fois sous-tendue et dépendante de celles des hommes, et en même temps affranchie de leurs chaînes. Il y a des frustrations, des rêves inaboutis.
Rien de nouveau sous le soleil donc. Nous voyons que là aussi, les petits détails, les petites compromissions, les petits mensonges de chacun aboutissent finalement aux grands drames ou à la soumission.
Un mode de vie menacé
Le délitement de la société soviétique par rapport au temps de la Russie où les frontières restaient fermées, sans étrangers, où les indigènes de la péninsule n’avaient pas été « soviétisés et leurs terres étatisés » laisse entrevoir la disparition de l’idéologie marxiste.
On apprend beaucoup sur les coutumes du peuple évène et sa nostalgie de l’époque antérieure, mais on retient surtout la vie de ces femmes, une par chapitre, mois par mois, dépeintes avec finesse, se débattant dans la lourdeur de l’héritage patriarcal, tentant de s’émanciper malgré le sexisme ambiant et les relations familiales entravées.
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Parution le 28 août 2019 – 384 pages
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié