Trois ombres aborde la perte d’un enfant sous le prisme de la poésie. Dans ce roman graphique en noir et blanc, Cyril Pedrosa ne nous livre pas les clés d’un secret bien gardé mais une magnifique mélodie texturale et textuelle qui trouvera son écho au creux de beaucoup de cœurs… À lire en toute tendresse !
Difficile de reprendre le cours de son quotidien sans avoir, au préalable, digéré la foudroyante histoire de Trois ombres de Cyril Pedrosa. Difficile, aussi, de ne pas avoir la gorge nouée et le coeur serré…
Dans ce roman graphique en noir et blanc, l’inévitable est au coeur de chaque illustration, chaque page, chaque mot, chaque seconde. On aimerait pouvoir fermer le livre et laisser, un temps, l’histoire de Joachim et sa famille au début, alors qu’ils vivaient heureux et épanouis au creux des collines… et pourtant, le gong continue de sonner.
Une authenticité dans les mots et les dessins
À travers ce conte fantastique, Cyril Pedrosa parle du deuil, de la perte et de l’impuissance d’une façon si percutante et juste que nous ne pouvons que vous inciter à le lire afin de comprendre l’émotion puissante qui ressort de la lecture.
Les dessins, qui paraissent simples et gribouillés de prime abord, sont eux aussi à l’égal des mots : adéquats et authentiques. Après des traits doux et calmes, viennent ceux plus mouvementés, brouillonneux et rapides des émotions mêlées.
C’est la fuite du temps, la lutte contre les ombres, la fin du printemps. C’est une mère qui accepte cette fatalité mais prie son mari de ne pas le perdre, lui aussi, dans cette bataille ; c’est un père qui s’enfuit loin avec son fils par-delà le fleuve et les collines pour échapper à ce qui est pourtant implacable. C’est l’histoire d’une famille qui subit de plein fouet l’inévitable.
Un conte poétique
Dans ce roman graphique, ce qui importe à Cyril Pedrosa de dire, n’est pas qui gagnera la guerre mais comment celle-ci se terminera et sur quoi elle s’ouvrira :
« Dans ce paysage de printemps, il n’y a ni meilleur ni pire.
Les branches des fleurs poussent naturellement.
Certaines sont longues, certaines sont courtes. »
L’acceptation est le premier pas vers la guérison.
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Parution le 12 septembre 2007 – 272 pages