Un peu d’humour dans ce monde de brutes, voyons ! Avec la bande-dessinée Faut pas prendre les cons pour des gens d’Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud, vous n’aurez qu’à vous asseoir bien tranquillement et vous laissez aller à rire de leur humour absurde sur des sujets de société divers et variés (SDF, écologie, enseignement, immigration, racisme, …) Gardez l’œil ouvert !
Dénonciation de situations ordinaires par l’humour absurde…
Au travail, un patron sermonne la femme de ménage tout en montrant de la main les employés suicidés, pendus au plafond : « C’est ça que vous appelez faire le ménage ?! »
Alors qu’une femme marche tranquillement sur le trottoir, elle se fait arrêter pour payer la suite de son trajet… Eh oui ! Les trottoirs deviennent comme les autoroutes, c’est-à-dire, payants.
Une femme s’étonne auprès de son libraire que les pages des Misérables de Victor Hugo soient quasiment dépouvues de tous mots. Mais cela est bien normal car une association contre la maltraitante des enfants a demandé à ce que les passages relatifs à Cosette soient supprimés, un syndicat de policiers a demandé que l’on supprime le personnage de Javert car son suicide stigmatisait leur profession, les féministes ont trouvé sexiste de faire de Fantine une prostituée et de la Thénardier une criminelle. Et à ces oppositions se sont ajoutées celles des catholiques, des musulmans, des alcooliques anonymes, des témoins de Jéhovah, des végans, etc. Aussi, ne reste plus dans Les Misérables dépouillés par la censure que « où…car…mais…déjà… » La faute au capitalisme ?
…. Et pas moralisateur pour un sou !
Dans Faut pas prendre les cons pour des gens, Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud démontrent la bêtise et la violence du réel par un humour des plus absurdes et cyniques. En reprenant de nombreux faits de l’actualité des derniers mois (la maltraitance des migrants, le suicide au travail, la digitalisation, le sexisme, l’enseignement, l’univers carcéral, …), ils font de la bande-dessinée un moyen de dénoncer sous le prisme de la légèreté. Mais une légèreté qui se doit d’être prise au sérieux car même si Reuzé n’hésite pas à dupliquer ses dessins sur plusieurs cases d’une même planche, c’est pour mieux montrer que si rien ne change dans la forme tout change dans le fond.
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Paru le 4 septembre 2019 – 56 pages
