LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Sylvette C. Castelnau. Donner de sa personne en infiltrant une maison close par « curiosité », pour bien en parler, pour arriver à une déclinaison réaliste en quelque sorte, c’est le défi que s’était donné Emma Becker.
La Maison
Le coup de cœur de Sylvette C. (Castelnau)
Donner de sa personne en infiltrant une maison close par « curiosité », pour bien en parler, pour arriver à une déclinaison réaliste en quelque sorte, c’est le défi que s’était donné Emma Becker.
Un plaisir de lecture
Ce qui ressort de cette expérience, c’est avant tout le plaisir de la lecture, le style si beau et si engageant, la plume facile qui avance rapidement et la fluidité de l’écriture.
Bien sûr, le livre est un peu long, froid, distancié, mais ne fallait-il pas en passer par là pour raconter une vie de prostituée ? Sinon il aurait fallu parler de complaisance.
De l’humour
Au lieu de ça, Emma Becker raconte avec humour (ah, les longues explications pédagogiques sur la manière de pratiquer certains protocoles ! Ou bien encore les pleurnicheries des hommes se disant comblés par leur famille mais qui viennent malgré tout demander un petit plus au bordel…), mais aussi avec une sorte d’amour pour les filles qu’elle côtoie, le quotidien de celles qui naviguent entre clients et famille, entre simulation et réalité, entre simulacre de désir et véritable désir.
Des portraits touchants
L’auteure tente ainsi de justifier ce choix de vie, pour elle qui n’arrive pas à décider si le sacrifice est oui ou non problématique, et pour elles, dont les doubles vies semblent cohabiter harmonieusement.
Les portraits dressés des prostituées sont magnifiques, mais venant d’une maison close on est un peu désemparé de leur trouver une sorte de beauté douloureuse dès que les femmes se confient, et d’être ainsi perturbé par leur consentement, leur soumission, mais aussi par leur soutien mutuel sans faille.
Il reste qu’Emma Becker a su porter sur ce sujet troublant un jugement délicat
et plein d’humanité, émouvant et bienveillant.
—
Parution le 21 août 2019 – 384 pages