Le terme French touch est familier à tout français féru de musique électronique qui se respecte. De Daft Punk à Justice, on ne compte plus les groupes, duo ou DJ iconiques des années 90/2000 qui ont fait vibrer les dancefloors à coup de sons plus innovants les uns que les autres. Mais comment s’est-elle façonnée ? Quels sont les symboles de ce mouvement musical ? Décryptage.
« We Give a French Touch to House »
1994, une année qui voit l’Eurostar tracer sa route pour la première fois, mais qui observe également se développer la « French Touch », poussant les producteurs français de house music à prendre leur envol à l’international. Les soirées rave vont bon train, le monde se modernise, et l’homme ne veut s’ennuyer sous aucun prétexte. C’est en partant de ce postulat que deux jeunes ingénieurs du son décident, à coup de synthés et de vinyles, de sortir de l’imagerie techno et de créer une musique électronique décalée. Un mélange détonnant de hip-hop, de funk et de house qui donna son style incomparable à Motorbass, ce groupe pionnier de la French Touch, façonné par Etienne de Crécy et le regretté Philippe Zdar.
L’explosion qui s’installe
Dans cette lignée, tous leurs copains suivent, et le mouvement explose. A l’aide d’une violence créative, chacun participe à l’avenir de la musique dans une attitude pacifique, tentant de s’inclure dans ce style particulier, à sa manière. Des soirées rave aux soirées en club, les différents groupes s’activent pour s’adresser aux rêveurs, aux danseurs, aux rockeurs, aux rappeurs. On citera notamment la légende de Daft Punk, la caresse de Air et l’explosion de Stardust, avec l’iconique Music Sounds Better With You, qui ont fait de la French Touch ce qu’elle est aujourd’hui. Les bases ont été posées, se focalisant sur le son, puis la musique, afin de créer une expérience unique.
Faites du bruit !
Le passage vers les années 2000 est une aubaine pour la French Touch, qui surfe sur l’effet des « Trois Glorieuses », mettant la France sous le feu des projecteurs, dans tous les domaines (surtout le football, tiens donc). La musique électronique française s’exporte de plus en plus et ne cesse de faire vibrer les clubs du monde entier. Elle se voit ainsi évoluer vers un style plus strict, plus bruyant, en se basant sur les codes de la new wave allemande. Justice, Kavinsky et Vitalic font leur entrée en scène à ce moment-là, donnant un nouveau souffle plus industriel à une French Touch qui avait fait le tour de la disco-house et du funk. On devient minimaliste, on cherche le paroxysme du son qui fabriquera le tube électro du moment, pour continuer de faire danser les occidentaux.
25 ans après, quel héritage ?
Depuis le début des années 2010, la nouvelle vague s’installe tranquillement comme digne héritière d’une French Touch pourtant toujours d’actualité. Les pionniers sont toujours présents avec une portée robuste, comme a pu le montrer Random Access Memories, l’album iconique des Daft Punk en 2013. Mais que signifie cette nouvelle vague ? Est-ce toujours bien de la musique électronique, ou est-ce qu’on se dirige vers autre chose ? Il n’y a pas tellement de réponses à ces questions, si ce n’est que l’ombre de la French Touch s’est imposée dans les processus créatifs de la plupart des artistes français d’aujourd’hui.
Elle est là, partout, et elle continue d’influencer nombre de choix musicaux, tout en ayant une flamme encore vive grâce à ses fondateurs encore bien contemporains. On notera Cassius et son dernier album Dreems, Laurent Garnier et son EP Feelin’ Good ou encore Stardust qui réédite son fabuleux Music Sounds Better With You. Kavinsky, quant à lui, fait son grand retour avec Reborn, près de 10 ans après son carton OutRun.
Les candidats pour reprendre le flambeau des parents de l’électronique made in France sont nombreux. On pense à M83, sur le circuit depuis un bon moment et qui ont enchanté la France et le monde entier avec leur pop mâtinée de synthés au cours des années 2010. Dans de territoires plus sombres, Carpenter Brut transforme l’essai avec un deuxième album Leather Terror, tandis que vers la lumière, Kungs et le petit dernier d’Ed Banger Myd remuent des centaines de dancefloors par leurs fournées de titres ensoleillés. La French Touch, c’est notre fierté nationale qui n’est pas prête de s’évanouir, et on le vaut bien !
