Caroline Vigneaux croque la pomme

Un fruit acide

J’avais tellement aimé son précédent one woman- show, Caroline Vigneaux quitte la robe, que je craignais un peu en me rendant au Palais des Glaces, de voir son nouveau spectacle Parce que, peut- être, comme pour les seconds albums ou les seconds films, la barre étant placée à un niveau très élevé suite au succès du précédent, le niveau d’attente très élevé ne cède la place à une amère déception.

Je vous le dis tout de suite, clair et net, il n’en est rien la belle blonde est toujours aussi cash, déjantée, barrée, pour notre plus grand bonheur. 

Même les mâles alpha mis à mal à travers une histoire de la naissance du monde, du pourquoi et du comment de l’évolution nécessaire et vitale du féminisme, irrésistible tourbillon de dates et de troublantes bonnes vérités assenées avec une gouaille unique, ne pourront s’empêcher de se laisser emporter par ce flot verbal et de rire aux éclats.

Un spectacle sans tabous

Elle ose tout avec un bonheur égal et un humour dévastateur, aux propos et aux mimiques inénarrables. Elle passe d’une leçon d’histoire du féminisme, revient sur son passé soi-disant peu glorieux d’avocat (elle fait même ses adieux scéniques à la robe) se moque de son adolescence au sein d’une famille catho de la petite bourgeoisie versaillaise « la même que la haute bourgeoisie ou la noblesse mais sans les thunes ! », les animaux de compagnie, les sex- toys « meilleurs amis de la femme », la mère indigne célibataire qui confond parfois les semaines avec ou sans garde des enfants, pour enchainer avec un décryptage hilarant de deux de ses chansons anglo-saxonnes préférées, et terminer en apothéose finale par un lâcher prise complet : une  liste de tous les tabous jamais abordés au sujet de la sexualité féminine !

 Du grand art et de la manière 

C’est souvent imagé pour ne pas dire cru, mais le propos n’est jamais vulgaire, sublimé par une façon de dire et de faire, un beau et grand travail de pure comédienne, qui fait preuve de beaucoup de second degré, elle révèle sous des dehors exubérants, cash et sans concession un bel humanisme.

Et surtout, surtout, à l’issue de ce nouveau show, il nous apparait définitivement, plus que jamais clairement, qu’elle a bien fait de quitter le barreau pour la scène car on rit beaucoup, énormément, tout le temps, tout au long de ce spectacle réjouissant, décapant qui réjouira petits (peut-être pas… !) et grands (à coup sûr) femmes (vous allez vous régaler) et hommes (si, si n’ayez pas peur !)  

On ressort du Palais des Glaces avec la banane et l’heureuse sensation d’avoir ri intelligemment en bonne compagnie …