Critique

Hard, ou rire d’amour et de sexe sans complexe !

25 octobre 2018
Par Dominique
Hard, ou rire d'amour et de sexe sans complexe !

Adaptation théâtrale de la série à succès Canal+ de Cathy Verney du même nom, la pièce Hard va vous emmener au 7eme ciel du rire !

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Merci de bien lire les indications et les contre-indications …

Rassurez – vous, contrairement à la plupart des médicaments, aucun effet indésirable n’est à redouter avec cette joyeuse comédie, juste quelques précautions d’usage … Ainsi, si vous faites partie de ceux qui ont manifesté contre le mariage pour tous, ou si vous appartenez à une certaine bourgeoisie versaillaise, tendance catho intégriste, vous pouvez passer votre chemin, cette pièce n’est, à priori, pas faite pour vous plaire. Allez plutôt voir, par exemple, cet excellent Tartuffe au théâtre de la Porte Saint Martin qui vous édifiera sur l’hypocrisie d’une certaine bigoterie. 

Pour tous les autres cette pièce vous est recommandée et vigoureusement (c’est le moment ou jamais) prescrite par le bon docteur du théâtre Dominique !

Pardonnez-moi l’expression, mais j’espère que, tout comme moi, vous vous taperez de bonnes barres… de rires !

Une adaptation réussie

Cette comédie sexy est librement inspirée de l’excellente série du même nom de Cathy Verney, diffusée sur Canal + et disponible en DVD. Adaptée par Bruno Gaccio, on y sent toute sa pâte : c’est sans concession pour la bien séance, un peu trash, cru, grossier parfois. Mais attention, jamais de vulgarité ni de gêne malgré un sujet tendancieux : une jeune veuve bourgeoise un peu coincée (Claire Dorotra) découvre à l’enterrement de son mari une galerie de drôles de personnages, que sa belle-mère (Nicole Croisille) semble bien connaitre alors qu’elle ne les a jamais vu …

Et pour cause, elle apprend par la même occasion que son mari était à la tête depuis de nombreuses années d’une société de films porno ! Le choc est dur (comme le titre !) ! La rencontre de deux univers complètement opposés, l’un complètement décomplexé et jouisseur, l’autre tenu par l’argent et la bienséance, est bien ce qui est de plus drôle dans cette joyeuse loufoquerie qui met à nu surtout contrairement à ce qu’on pourrait penser, les âmes et les cœurs.

Une galerie de personnages étonnante et attachante

Dans ce monde du porno, évoluent donc : la belle-mère déjà citée qui essaie de maintenir à flots des affaires en délicatesse, lesbienne révélée sur le tard qui profite de sa présence pour reluquer et draguer les actrices, un homme à tout faire, Stephan Wotjowicks impeccable de drôlerie, de justesse et d’émotion quand son personnage de vieux metteur en scène bientôt à la retraite ne peut qu’envisager un avenir sombre, deux acteurs, étalons de l’écurie maison dont l’un répond au doux nom de Roy Lapoutre, François Vincentelli impeccable et l’autre à l’accent espagnol aux expressions fleuries, Charlie Dupont très drôle, sans oublier l’avocate femme d’affaire redoutable, prête à tout pour agrandir sa collection de mâles, Isabelle Vitari.

Nicolas dans tous ses états !

Il fallait un metteur en scène de talent pour mettre en mouvement tout ce joli monde. Une fois encore, Nicolas Briançon excelle, il utilise à bon escient le magnifique théâtre de la Renaissance. Les comédiens évoluent avec grâce dans l’ensemble de l’espace : scène mais aussi cursives, salle et balcon le tout dans des jolis décors très efficaces, kitchs juste ce qu’il faut. La fluidité des changements ne ralentissant jamais l’action de cette comédie, certes, aux propos et aux situations forcément osés, vu le sujet, mais qui fait rire sans effets ostentatoires ou graveleux sans tirer vers le bas, si je puis me permettre de m’exprimer ainsi !

Un peu de sexe et d’amour dans ce monde de bruts !

Ce qui fait tout le sel de cette joyeuse orgie théâtrale, ce n’est pas tant la vision du milieu du porno sans complexe et aux personnages extravagants, le choc puis la rencontre de deux mondes radicalement moralement et culturellement opposés, mais c’est l’évolution de chacun des protagonistes : tous ces personnages vont faire des petits pas vers la compréhension des uns et des autres. Tous ses êtres aussi excentriques ou opposés soit-ils, font preuve au final de cœur et d’un bel humanisme. Sous des dehors rebutants ou qui seraient seulement très drôles, ils emportent notre empathie bien au-delà du rire grossier ou facile.

Toutes ces êtres disparates deviennent très vite attachants, par ses différences et finalement Hard n’est pas tant une bonne grosse blague de fin de repas qu’une jolie et iconoclaste histoire d’amour.

Hard  – Théâtre De La Renaissance (Paris 10e)

De : Bruno Gaccio

Mise en scène : Nicolas Briançon

Avec : Claire Borotra, François Vincentelli, Nicole Croisille, Charlie Dupont, Isabelle Vitari, Stephan Wojtowicz

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Article rédigé par
Dominique
Dominique
passionné de Théâtre
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