Critique

Le Rêve de Ryôsuke : un feelgood book à la sauce japonaise

17 mai 2017
Par France
Le Rêve de Ryôsuke : un feelgood book à la sauce japonaise

Fort du succès de ses Délices de Tokyo, Durian Sukegawa nous revient avec un beau roman d’apprentissage mettant en scène un jeune homme perturbé et taciturne. Il signe une fable délicate dans laquelle il met en valeur le courage de ceux qui font face à l’adversité pour réussir leurs projets. Il nous transporte cette fois sur une petite île perdue au large du Japon sur laquelle, malgré l’hostilité des villageois, le Rêve de Ryôsuke va enfin pouvoir se réaliser.

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Envers et malgré tout

À son arrivée sur la petite île d’Aburi au large du Japon pour réaliser des travaux de terrassement avec deux autres recrues, Ryôsuke ne souhaite que trouver le mystérieux homme à qui il doit remettre un paquet venant de sa mère décédée depuis peu. Or, la présence sur l’île de ces trois citadins cabossés par la vie ne plaît pas aux villageois qui les voient d’un mauvais œil. Coincé entre les falaises et une forêt quasi impénétrable, le village vit replié sur lui-même, n’ayant de contact avec l’extérieur que par le biais d’un ferry et de la radio. Habitués à vivre entre eux, les interactions entre les habitants et les nouveaux venus sont compliquées et rares sont ceux qui leur témoignent de l’amitié. Dans cette ambiance, on aurait plutôt envie de reprendre le ferry le plus vite possible pour fuir cette atmosphère désagréable. Mais Ryôsuke, sous la houlette d’Hashi, s’accroche pour réaliser le vieux rêve de son père, faire du fromage.

Le vieux sage

À l’instar de Tokue dans Les Délices de Tokyo, Hashi va endosser le rôle de passeur de savoir. Et va par la même occasion redonner le goût de vivre et de se battre pour ses idéaux aux trois jeunes gens. La présence calme et rassurante du vieux Hashi, garant des traditions et de la sagesse, va permettre au petit groupe d’apprendre à se dépasser pour s’améliorer. C’est lui aussi qui apprendra à Ryôsuke l’art compliqué de la fabrication du fromage de chèvre. Or, si le vieil homme n’a jamais pu créer un fromage digne de ce nom, la pugnacité de son apprenti va bousculer les traditions séculaires de l’île.


Mais si tu renonces maintenant, ça va être encore plus dur…

Plus que la réussite ou non du rêve de Ryôsuke, ce sont les leçons que l’on retire à travers le personnage qui donne toute la saveur au récit. À son arrivée sur l’île, le jeune homme devait se battre contre son plus grand ennemi : lui-même. À présent, il doit se battre contre des traditions locales et l’incompréhension, ce qui est tout aussi difficile. Hashi aura cette jolie phrase sur l’échec VS la réussite : « Au contraire, la victoire est peut-être pire parce qu’elle ne nous ouvre pas les yeux. C’est une bonne chose que tu aies échoué ». Or, l’hostilité grandissante des villageois à son égard va paradoxalement renforcer sa conviction que son projet peut aboutir. Et que ce sera avec ou sans eux.  

Parution le 3 mai 2017 – 314 pages

Traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako

Le Rêve de Ryosuke de Durian Sukegawa (Albin Michel) sur Fnac.com

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