Un Feydeau haute couture !
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Créé en 1886, ce vaudeville trépidant n’a pas pris une ride, d’autant que cette version, reprise d’après l’adaptation et la mise en scène de Jean Poiret est un régal de légèreté, de rythme avec un phrasé et une touche unique.
Le protagoniste principal : le médecin Moulineaux, interprété par José Paul, au jeu très proche d’un Pierre Arditi, est pris au piège d’une spirale infernale pour avoir voulu cacher un semblant de début d’adultère à sa femme ; il se retrouve à jouer les tailleurs auprès de ces dames y compris sa belle-mère transformée, l’espace d’un essayage en reine du Danemark ! Il oeuvre même face à la maîtresse du mari de la femme avec qui il conte fleurette (l’excellent Philippe Uchan).
Un imbroglio insensé où chacun se prend pour l’autre, une mécanique implacable, un vent de folie qui souffle des nuages de rires jusqu’à la tempête finale.
La pièce est toujours d’actualité, ne vieillit pas et ne vieillira jamais, elle est d’une rythmique redoutable : les situations les plus insensées s’enchainent sans faiblir, le texte fuse de bons mots et de tournures délicieuses.
Ce « Tailleur » sera toujours d’une modernité intemporelle car il traite des rapports hommes / femmes, soulignant les qualités, les défauts et les faiblesses communes à tout le genre humain, et ce, de tous temps et de toutes les époques.
Mais sous ces dehors de comédie débridée, très efficace, il soulève au passage, mine de rien, entre deux éclats de rire, quelques sujets plus sérieux toujours d’actualité : le rôle de la femme dans la société, l’inégalité des classes (le « jeu » du médecin mari avec son valet est à ce titre très intéressant) la fonction et le statut social.
Mais cette pièce ne serait rien sans son fâcheux de base, celui par qui toutes les situations deviennent très, très compliquées, car jamais au bon endroit ni au bon moment.
Ce balourd de personnage qui répond au doux nom de Bassinet va déclencher, par son absence ou sa présence inopportune, tous les quiproquos insensés qui font toute l’étoffe de ce « Tailleur », incarné par un Sébastien Castro naïf, lourd à souhait d’une bêtise confondante, il est magistral de naturel en tête à claques provoquant les catastrophes.
Je me prends alors à l’imaginer dans le rôle du fameux con du diner de Francis Veber.
Il serait très probablement à la hauteur du grand Jacques Villeret, et nous offrirait l’occasion d’une autre bien belle soirée de théâtre, une autre belle comédie taillée sur mesure.
En attendant, n’hésitez pas à passer par la cabine d’essayage du Théâtre Montparnasse pour essayer, et porter (par vos rires et vos applaudissements) cet excellent Feydeau !
Tailleur pour dames : Théâtre Montparnasse / De Georges Feydeau, Adaptation : Jean Poiret Mise en scène : Agnès Boury Avec José Paul, Sébastien Castro, Philippe Uchan ,Véronique Barrault, Guilhem Pellegrin, Caroline Maillard, Florence Maury, Maud Le Guénédal