Spock s’en est allé. Il nous aura offert une dernière fois son salut Vulcain, ce signe de la main, alors qu’en nous résonnera longtemps le dialogue « Longue vie et prospérité ». Ce furent en quelque sorte ses derniers mots.
Spock s’en est allé. Il nous aura offert une dernière fois son salut Vulcain, ce signe de la main, alors qu’en nous résonneront longtemps le dialogue « Longue vie et prospérité ». Ce furent en quelque sorte ses derniers mots.
Il aura suffi de trois saisons de la série Star Trek, produite entre 1966 et 1969, pour imposer le duo formé par Leonard Nimoy avec James T. Kirk (William Shatner) comme l’un des plus mythiques de la science-fiction à l’écran. Ajoutez le docteur McCoy (DeForest Kelley), et vous obtenez les trois constituantes de l’être humain : le pragmatisme, l’intrépidité casse-cou et le caractère soupe au lait. Le paradoxe de ces trois personnalités qui s’affrontent régulièrement tout en s’aimant profondément a sans aucun doute contribué à la pérennité de Star Trek. Curieusement, si la série de Gene Roddenberry ne connait pas immédiatement le succès, c’est lors de ses rediffusions sur les chaînes régionales du câble (le réseau « syndication ») que Star Trek gagne ses galons de série culte. À tel point qu’en 1979, dix ans après la fin de la série, Star Trek le film est mis en chantier afin de surfer sur le succès de Star Wars. Produit pour un budget record de 35 millions de dollars (là où le film de Geroge Lucas en a couté 11), réalisé par Robert Wise (Le Jour où la Terre s’arrêta, West Side Story, La Mélodie du Bonheur), mis sublimement en musique par Jerry Goldsmith et bénéficiant des effets visuels avant-gardistes de Douglas Trumbull, Star Trek le Film rencontre un succès considérable à sa sortie et reste l’un des films de SF les plus ambitieux et élégants. En son temps, il est pourtant mal aimé des fans de Star Trek qui lui reprochent de s’éloigner trop de l’esprit de la série.
Trois ans plus tard, le mal est réparé quand sort sur les écrans Star Trek II : la colère de Khan, reprenant l’un des méchants de la série télévisée. Leonard Nimoy, qui entretient depuis le début des rapports d’amour-haine avec son personnage de Spock, accepte de jouer dans cette suite à condition d’y voir son personnage mourir. Pour les « Trekkies », la scène finale de Star Trek II reste comme l’une des plus touchantes et mémorables de la saga. Leonard Nimoy n’aura de cesse d’entretenir cette dualité vis-à-vis d’un personnage qui lui a certes apporté la célébrité, mais qui l’a aussi cantonné dans ce rôle d’extraterrestre aux oreilles pointues, mi-homme, mi-Vulcain. Leonard Nimoy accepte cependant de reprendre son rôle dans les suites mais à la condition de les mettre en scène. Star Trek III : à la recherche de Spock (1984) et Star Trek IV Retour sur Terre (1986) scellent ainsi le passage de l’acteur à la mise en scène. S’il délaissera par la suite la réalisation des films suivants (Star Trek V L’ultime Frontière et Star Trek VI Terre Inconnue), il y reprend son rôle jusqu’au passage de relais avec l’équipage de Star Trek : La Nouvelle Génération, mené par le Capitaine Jean-Luc Picard (Patrick Stewart). À la demande de J.J. Abrams, Leonard Nimoy accepte d’endosser une dernière fois son costume de Vulcain dans les reboots de Star Trek, en 2009 et 2013, dans des scènes écrites à la fois en forme de clin d’œil et qui se jouent des paradoxes temporels.
En 1977, deux ans avant la sortie du premier long métrage Star Trek, Leonard Nimoy publie un essai autobiographique intitulé I’am not Spock (Je ne suis pas Spock), dans laquelle il tient à mettre les choses au point. Il réaffirme sa passion pour le personnage mais précise également qu’il n’est pas « seulement » Spock. Avec ironie, Leonard Nimoy intitule I am Spock le second volume de son autobiographie publiée en 1995, dans lequel il déclare s’être définitivement réconcilié avec son personnage. Car toute sa carrière, Leonard Nimoy n’aura de cesse de vouloir exister en dehors de Spock et Star Trek. Il y parviendra à de rares occasions et toujours dans l’ombre écrasante de son personnage Vulcain. Après avoir débuté dans des séries B comme Zombies of the Stratospher (1952) ou Des Monstres attaquent la ville (1954), c’est à la télévision qu’il doit d’être révélé. On le voit dans des épisodes de Perry Mason, de La Flèche brisée, du Virginien, de Bonanza, et son physique singulier fait les bonheurs de séries comme La Quatrième Dimension, Night Gallery ou Au-delà du réel. Après l’arrêt de Star Trek en 1969 et avant sa reprise en version animée (1973-1974), il est le remplaçant de Martin Landau dans les saisons 4 et 5 de Mission : Impossible. En 1978, il incarne aussi l’inquiétant docteur David Kibner dans L’Invasion des profanateurs.
En 1987, la mise en scène des opus 3 & 4 de Star Trek lui met le pied à l’étrier et lui permet de réaliser Trois Hommes et un bébé, remake américain de Trois hommes et un couffin, avec Tom Selleck, Steve Guttenberg et Ted Danson. Malheureusement ses trois réalisations suivantes ne rencontreront pas le même succès. Leonard Nimoy continue cependant à apparaitre régulièrement sur les écrans. Sa dernière incursion télévisuelle dans la série Fringe fait sensation, les créateurs de la série étant des fans inconditionnels de Star Trek et accessoirement les auteurs des reboots cinématographiques. Leonard Nimoy prête également sa voix à Megatron dans le film d’animation Transformers de 1986 mais aussi dans Transformers 3 de Michael Bay. Ce dernier n’étant autre que le cousin de Susan Bay, la dernière épouse de Leonard Nimoy…
C’est donc paradoxalement dans Star Trek : into Darkness de J.J. Abrams en 2013 que Leonard Nimoy aura offert sa dernière prestation à l’écran, et une fois encore dans le rôle de Spock. Il y donne la réplique à son « Spock alternatif », incarné par Zachary Quinto. Dans ce film, figure également Khan, le personnage indirectement responsable de la mort de Spock dans Star Trek II : la colère de Khan.
Leonard Nimoy s’est donc éteint à l’âge de 83 ans ce 27 février 2015. Très actif sur les réseaux sociaux, l’acteur, poète et photographe luttait de longue date contre un cancer du fumeur et sommait ses followers d’arrêter la cigarette. Son dernier tweet fut celui-ci : « La vie est comme un jardin. On peut y connaître des moments parfaits mais ils ne durent jamais, hormis dans notre mémoire. LLAP » L’acronyme LLAP signifiant « Live Long and Prosper ». « Longue vie et prospérité » donc…
Un hommage sera rendu à Leonard Nimoy avec une Nuit Star Trek dans le cadre des fameuses Nuits au Max. Sur cette page nous vous tiendrons informés de la date et de l’ouverture de la billetterie.
Découvrez ou redécouvrez la bande annonce de Star Trek V L’ultime Frontière :
Découvrez ou redécouvrez la scène de la rencontre entre les « deux » Spock dans Star Trek (2009) :