En 1963, le Polaroid 100 proposait la première génération d’appareils à films instantanés. Ce fut une révolution. Aujourd’hui la passion du Polaroid reste intacte !
L’histoire de la marque aux couleurs arc-en-ciel est pleine de rebondissements et de péripéties. En 2008, 60 ans après ses débuts, Polaroid stoppe la production de ses films et appareils argentiques. On pense alors à juste titre que c’est bel et bien la fin du film instantané.
Un investisseur autrichien, Florian Kaps, et un ancien ingénieur de chez Polaroid, André Bosman, vont alors courageusement contrarier cette mort programmée en fondant la société « The Impossible Project ». Celle-ci propose après quelques mois, et divers tâtonnements, la distribution de films de son cru et d’appareils Polaroid recyclés, reconditionnés et vendus (très chers) directement sur son site ou dans quelques magasins « arty » triés sur le volet. Un succès immédiat.
La nouvelle émulsion ne conserve malheureusement pas toutes les propriétés qualitatives de son modèle d’origine (elle n’en possède pas la chimie originelle). Le développement doit se faire à l’abri de la lumière (pas très pratique!). De plus le contraste est un peu mou et les couleurs sont fades (même si cela contribue à forger le rendu si particulier des photos produites). Pas terrible en somme, surtout quand il faut payer entre 18€ et 20€ un pack de 8 vues. Malgré ces déconvenues, le succès des films labélisés « Impossible Project » est une récompense bien méritée pour une société audacieuse qui a su sauver des oubliettes ce support que tout semblait vouloir condamner.
Mais l’histoire emprunte parfois des détours et des rebonds surprenants. La réussite d’Impossible Project a probablement contribué à infléchir la rigidité commerciale de la maison originelle et justifié, dès lors, son retour sur le devant de la scène 3 ans après un retrait qui paraissait définitif !
En 2008, peu de temps après l’abandon de sa filière argentique, Polaroid, nouvellement racheté par le consortium financier PLR IP Holdings LLC, semblait au plus mal. Aidé par le charme musclé d’une nouvelle ambassadrice très médiatique, Lady Gaga, la marque lance une gamme d’appareils numériques qui n’enthousiasmera ni le marché ni les consommateurs : une paire de lunette GL20 un peu lourdingue et fantaisiste, un appareil photo numérique instantané GL30 médiocre ; et enfin une imprimante Pogo GL10 délivrant des images molles et trop petites pour vraiment plaire. Bref un épisode qui creusa encore un peu plus l’amertume des fans du film argentique disparu.
Curieusement, au début de l’année 2011, Polaroid s’associe avec Fuji et distribue le Fuji Instax Mini sous l’appellation Polaroid P300. Une bonne nouvelle pour les accros de la marque mais une petite déception aussi: Polaroid ne semble pas vouloir redévelopper la technologie du film instantané.
Quoiqu’il en soit le plaisir d’acheter un Polaroid (même sous licence Fuji) reste donc d’actualité et on trouve aujourd’hui de plus en plus facilement ce P300 aussi bien dans certaines boutiques spécialisées que dans les grandes surfaces.
En définitive, ce regain d’intérêt pour les films argentiques instantanés, de la part de l’inventeur du concept, est une bonne surprise en soi mais on en espèrait un peu mieux de la part de Polaroid qu’une simple diffusion de la technologie Fuji.
Polaroid ayant distribué des milliers d’appareils et des dizaines de types de films différents, il n’est pas facile de s’y retrouver dans la jungle des références et des dénominations. Petit guide pour y voir plus clair :
Pour faire simple il existe actuellement 2 fabricants d’émulsions Polaroid : Impossible Project & Fuji (gamme Instax). Les films actuels se déclinent en 5 familles : films 100 / SX-70 / 600 / Instax Mini & Instax Wide.
Les films 100 sont uniquement fabriqués par Fuji. Ils conviennent à tous les Polaroid depuis le modèle 100 (1963-1697) jusqu’au modèle 450 (1971-1974).
Les films les plus courants sont ceux à ISO 100 couleur (FP-100C) ou noir & blanc (FP-100B). On trouve également (mais plus difficilement) des films noir & blanc à ISO 400 (FP-400B) et ISO 3000 (FP-3000B), ainsi qu’une version « satinée » du FP-100C: le FP-100C Silk.
Ces modèles sont presque tous de type « folding » (soufflet rétractable), à l’exception de quelques références (Polaroid Colorpack / Polaroid EE / Big Swinger 3000…).
- Quels appareils achetés compatibles film 100 ?
Ces appareils ne sont plus produits en neuf. On les trouve donc uniquement sur le marché de l’occasion. Je conseillerais principalement les modèles 250 & 350 (comptez entre 50 et 150€) apparus entre 1967 et 1971. Autres bijoux : les 180, 190 & 195 avec leurs objectifs Tominon lumineux (f/4.5 pour le 180, f/3.8 pour les 190 & 195). Ce sont aujourd’hui les références les plus côtées qui se payent au prix fort (entre 300 et 600€ pour un modèle en parfait état!). 
- Un autre appareil qui utilise les films type 100 est le rare et convoité Fuji Fotorama FP-1 Pro. Nous parlerons de ce modèle en détail un peu plus loin dans le chapitre consacré à Fuji.
- On trouve aussi d’occasion un appareil à soufflet, le NPC 195 à film type 100, fabriqué il y a un peu plus de 10 ans par la société NPC Photo Division, qui reprend la formule optique du Polaroid 180 avec donc un Tominon f/4.5. Cet appareil n’est pas un Polaroid original mais la conception est très soignée et il est également très recherché.
Difficile cependant d’établir une côte d’achat. celui-ci peut varier entre 1500$ et 2000$.
Cet appareil a aussi été fabriqué en édition limitée par Polaroid au Japon avec le logo « Polaroid 185 » inscrit sur le devant. Prévue initialement à 2000 exemplaires, la distribution a été en réalité beaucoup plus faible (500 pièces?). Peu d’exemplaires en état de marche existent de part le monde. Aujourd’hui les quelques personnes chanceuses qui en possèdent un le gardent jalousement. On estime ainsi leurs prix entre 4000$ et 5000$!!!.
Il existe aussi une version silver (moins de 30 pièces!) estimée aux alentours de 50000$ (!!!) (source: site MIJONJU’s HANGOUT)
- Enfin le Polaroid 600SE (que les intimes appellent le « goose« ) est un appareil atypique puisqu’il dispose d’une monture à objectif interchangeable. On trouve 3 optiques (estampillées « Mamiya ») adaptées à ce modèle:
– 75mm f5.6 (grand angle) qui doit être vendu conjoitement avec un viseur à monter sur l’appareil.
– 127mm f4.7 (standard)
– 150mm f5.6 (portrait).
L’ensemble est très lourd mais fait la joie de ceux qui ont la chance d’en posséder un. C’est, à l’instar du Fuji FP-1, un modèle très recherché sur le marché de l’occasion et donc lui aussi cher!
Le film SX-70 est uniquement fabriqué par Impossible Project (ref PX70). Il convient pour le plus populaire des Polaroid : le SX-70 !
Cet appareil, commercialisé entre 1972 et 1977, est très prisé sur les marchés d’occasion. Trouver un modèle peu cher et en bon état n’est pas chose facile. En moyenne il faut débourser entre 100€ et 200€ pour un exemplaire neuf.
Uniquement fabriqué par Impossible Project (ref PX680), il s’adapte pour une grande majorité des polaroid pas chers qui traînent sur les sites d’occasion. Préférez les appareils disposant d’un flash intégré et d’une lentille close up.
Le P600 (photo à droite) est un bon choix par exemple (vendu en moyenne moins de 60€ en excellent état, une affaire!).
C’est le nouveau film qui alimente le Polaroid P300 sorti cette année.
C’est en réalité un film Fuji Mini Instax sous licence.
Il n’y a pas que Polaroid dans l’histoire du film instantané. Comme évoqué plus haut, Fuji est un acteur incontournable du système et continue, pour le plus grand plaisir des amateurs de Polaroid, à persévérer dans la commercialisation du procédé instantané à travers sa gamme Instax. Fuji vend des appareils à film instantané de type Instax.
Il existe 2 gammes de Fuji Instax, les « Wide » (film au format 8,5X10,5cm) et les « Mini » (film au format 4.6X6.2cm) :
- Gamme « wide »: Fuji Instax 210 / Fuji Instax 500AF :
Le Fuji Instax 500 AF est le haut de gamme de ce segment. Mais il n’est commercialisé qu’au Japon et est très difficile à trouver sur le net :
Ami lecteur, vous savez déchiffrer le japonais ? Alors cet extrait du manuel d’utilisation du Fuji 500 AF saura vous combler de bonheur :
- Gamme « Mini »: Fuji Instax Mini 50s / 25 & 7s :
On trouve beaucoup de variantes et de couleurs pour cette gamme très populaire et la plus vendue :
Y compris une version « Hello Kitty » plébiscitée par la jeune clientèle japonaise :
Voici une version 50s black du plus bel effet (un peu plus cher que les Mini 25 ou 7s classiques):
- Fuji Fotorama FP-1 pro: le haut de gamme Fuji en film instantané!
Il n’y a pas que la gamme Instax chez Fuji. Dans le passé la marque a développé un appareil haut de gamme, le Fuji Fotorama FP-1 Pro, utilisant les excellents films type 100.
Malheureusement cet appareil, rare et convoité, n’est plus produit et s’achète uniquement d’occasion (entre 600€ et 700€ pièce!).
- Où acheter les appareils Instax Wide & Mini sur le marché du neuf?
De plus en plus de magasins et grandes surfaces proposent à la vente la gamme des Fuji Instax.
Les « Mini » sont malgré tout plus faciles à dénicher que les « Wide ».
La fnac propose à la vente les films Instax Mini ici.
Il faut bien avouer que cette gamme est assez attractive. D’autant que l’on trouve tout un univers d’accessoires (étui cuir, lentilles close-up, filtres, mini albums) tous plus craquants les uns que les autres.
Le designer japonais Shinzi katoh édite, quant à lui, de très beaux albums pour ranger ses photos Instax (ou Polaroid P300) :
Sachez qu’il est tout à fait possible de bénéficier de l’effet Polaroid sans investir dans un appareil argentique. Les applications iPhone, ainsi que certains logiciels de simulation d’émulsion (tel que « Poladroid » présenté ci-dessous; ou bien encore les logiciels Alien Skin Exposure & DXO Film Pack) permettent de créer des rendus Polaroid avec les fichiers numériques. En voici quelques exemples :
- Poladroid :
- Polaroid Generator V3 :
On trouve aussi sur le site Deviant Art un script photoshop « Polaroid GENERATOR« , crée par Maxmilian Jaenicke, permettant de simuler le rendu Polaroid (différents aspects sont possibles).
Il est possible aussi de faire du Polaroid en associant sur un appariel agentique un dos Polaroid. Les 4 dos présentés ci-dessous utilisent des films Fuji type 100. On peut les trouver en neuf à l’exception du 405 qui est lui disponible uniquement en occasion.
- Dos Polaroid pour Lomo LC-A :
- Dos Polaroid pour « Diana F+ » :
- Dos Polaroid pour Holga / « Holgaroid » :
- Dos Polaroid 405 pour Moyen-Format 4×5 :
Le film type 100 étant un peu plus petit que le film 4×5 argentique, l’introduction de ce type de dos dans une chambre moyen format a donc pour effet de rallonger un peu la focale associée.
Vous l’aurez donc bien compris: au delà de la marque Polaroid, le système des films instantanés est vaste et permet de s’amuser en explorant des solutions toutes très différentes les unes des autres (appareils Polaroid d’occasion / Fuji Instax / dos lomo…).
En définitive, la renaissance de Polaroid, le succès d’Impossible Project et la persévérance de Fuji montrent qu’il existe une autre voie que le tout numérique.
C’est une bonne nouvelle pour tous les amoureux d’une photographie ludique et à rebrousse-poil de l’esthétique numérique dominante.
