Présenté dans la Sélection officielle hors-compétition, Coupez !, le dernier film de Michel Hazanavicius, a fait l’ouverture du Festival de Cannes, ce mardi 17 mai et est sorti au cinéma dans la foulée.
Lors du tournage d’un film de zombies, une véritable invasion de zombies survient : voilà le pitch déjanté et aguicheur qui suffit à faire de Coupez !, le dernier film de Michel Hazanavicius, une sortie à ne pas manquer. Pour autant, l’originalité n’est pas forcément de mise…
Le long-métrage, présenté hors-compétition à Cannes, en ouverture du Festival ce mardi 17 mai, se veut le remake de Ne coupez pas ! – une œuvre surprenante, aussi fauchée qu’inventive. Sorti en 2017, ce long-métrage signé Shinichiro Ueda avait beaucoup fait parler de lui avec son plan-séquence introductif de 36 minutes et son inattendue seconde moitié qui érigeait avec brio la débrouille au rang d’art.
Avec cette nouvelle version, Michel Hazanavicius (les deux premiers OSS 117, The Artist, etc.) reproduit la prouesse de son camarade japonais, mais n’atteint jamais sa finesse. Ce qui nous ennuie, avec cette version, c’est d’abord qu’elle ne parvient jamais à s’émanciper de son modèle. Transposition plus que remake, le cinéaste oscarisé s’est en effet contenté de reproduire Ne coupez pas !, plan par plan, quasiment sans varier d’un iota.
Michel Hazanavicius, bon pasticheur ou mauvais copiste ?
Le résultat, c’est une œuvre qui semble intéressante au premier regard, mais qui perd toute sa saveur lorsqu’on en connaît la source d’inspiration. C’est par ailleurs souvent le cas, il faut bien le reconnaître, avec Michel Hazanavicius – dont le style consiste peu ou prou à imiter celui des autres : les films d’espionnage des années 1960 avec les deux OSS 117, l’âge d’or du muet avec The Artist, l’intellectualisme de Jean-Luc Godard dans Le Redoutable, etc.
Mais avec Coupez !, le cinéaste a laissé de côté le pastiche pour la pâle copie désincarnée. Et si le film est objectivement bon, on ne peut que vous conseiller de vous pencher plutôt sur l’original qui, malgré son budget dérisoire, est parvenu à devenir le film indépendant le plus rentable de l’histoire du cinéma japonais.
Le début d’un festival plein de promesses
Si vous n’avez pas vu Ne coupez pas !, vous verrez dans Coupez ! une sympathique et absurde série B, franchement drôle, toujours surprenante, assez inventive et même plus maline qu’elle ne paraît au premier abord. Sinon, vous n’y trouverez pas grand intérêt, tant vous saurez ce que le long-métrage doit à son prédécesseur, qui possède les mêmes qualités – et plus encore. D’ailleurs, cette nouvelle version a obtenu un budget bien plus conséquent, ce qui se voit à l’écran. Mais ce que le film gagne en professionnalisme, il le perd en charme, car l’aspect fauché du long-métrage de Shinichiro Ueda était justement ce qui en faisait tout l’intérêt.
Heureusement, Michel Hazanavicius s’amuse et se permet des réflexions métatextuelles sur son œuvre, sur celle dont il s’inspire et sur la nature même du remake. Grâce à son scénario, il parvient à justifier toutes ses errances, et même à les rendre drôles (vous y penserez quand vous vous demanderez pourquoi les prénoms japonais ont été conservés alors que les acteurs sont Français).
Par ailleurs, la distribution est le gros point fort du film. Romain Duris et Bérénice Bejo sont survoltés et hilarants, mais la grande révélation reste Finnegan Oldfield, qui parvient enfin à se faire un nom dans des films grands publics. Sa partition est absolument savoureuse.
Il n’est ainsi pas étonnant que Coupez ! fasse l’ouverture du Festival de Cannes. Souvent hors-compétition, souvent assez moyens et loin d’être représentatifs de l’ensemble de la sélection, les films d’ouverture servent d’amuse-bouche avant d’entrer dans le dur de la compétition. Le cas d’Annette, l’an dernier, a fait office d’exception qui confirme la règle. Coupez ! aura au moins eu le mérité de donner le coup d’envoi d’une sélection très alléchante, qu’on scrutera avec attention.
Coupez !, de Michel Hazanavicius, avec Romain Duris et Bérénice Bejo. En salle depuis le 17 mai 2022.