Interrogée par le quotidien italien Il manifesto à l’occasion d’une pièce de Gisèle Vienne qu’elle jouait à Milan, l’actrice française de 33 ans a dit en avoir « fini avec le cinéma » et a précisé qu’elle ne travaillerait plus pour des réalisateurs établis, à de rares exceptions près.
La dernière fois qu’on l’a aperçue sur un écran de cinéma, c’était en septembre 2020 dans Les Héros ne meurent jamais d’Aude-Léa Rapin. Le film avait été présenté à Cannes en 2019 en même temps que deux autres films radicalement différents, Le Daim de Quentin Dupieux et Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, véritable consécration pour l’actrice et la cinéaste. Mais depuis son coup d’éclat aux César 2020, Adèle Haenel s’est éclipsée des plateaux de cinéma ; récemment, l’actrice a pourtant prêté sa voix au documentaire Retour à Reims (fragments) de Jean-Gabriel Périot, à partir du livre éponyme de Didier Éribon. Mis à part cela, Adèle Haenel semble avoir définitivement pris ses distances avec l’industrie du cinéma.
L’actrice, actuellement à l’affiche d’une pièce de Gisèle Vienne adaptée d’un texte de Robert Walser, L’Étang (à découvrir au théâtre Nanterre-Amandiers du 10 au 15 mai prochains), s’en est récemment expliqué dans le quotidien italien Il manifesto. « Je ne travaillerai plus avec des réalisateurs établis », a déclaré Adèle Haenel, mais seulement pour des jeunes cinéastes ou bien pour sa réalisatrice fétiche, Céline Sciamma – « parce que notre relation va au-delà du simple travail », précise l’actrice.
Les deux femmes ont pour la première fois travaillé ensemble sur La naissance des pieuvres (2007), le premier long-métrage de Céline Sciamma. C’était alors seulement le second film d’Adèle Haenel après avoir fait ses débuts en 2002 dans Les Diables de Christophe Ruggia, qui en 2019 sera accusé par l’actrice d’attouchements et de harcèlement sexuels dans une enquête retentissante publiée par Mediapart.
Si d’aventure Adèle Haenel signait pour un nouveau film, cela impliquerait un tout autre système économique, selon l’actrice. « Il s’agit de redéfinir la réalité, de remettre en question notre perception, comme le fait Gisèle Vienne dans son travail. La forme et le sens coïncident », poursuit-elle, évoquant de nouvelles façons de faire du cinéma, à l’instar de Nous, le dernier film d’Alice Diop.
« Dans l’industrie du cinéma telle qu’elle est aujourd’hui, il n’y a aucun espoir », ajoute-t-elle. Aujourd’hui, Adèle Haenel, qui dit vouloir se consacrer essentiellement à l’écoute et à l’aide de victimes d’abus, ne s’engagera donc que des projets artistiques reflétant, d’une manière ou d’une autre, ses divers engagements politiques.
Contrairement donc aux derniers bruits de couloirs, Adèle Haenel ne sera pas au casting du prochain film de Bruno Dumont, L’Empire, film de science-fiction loufoque tourné dans le Pas-de-Calais avec en revanche Lily-Rose Depp, Camille Cottin, Anamaria Vartolomei (César du meilleur espoir féminin pour L’événement) et Fabrice Luchini.