Le 27 avril, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a déclaré sur Twitter que « Les mathématiques sont le langage de l’univers. Le bitcoin est la monnaie universelle. »
Après le Salvador en 2021, la République centrafricaine est le deuxième pays au monde à avoir déclaré le bitcoin parmi ses monnaies officielles. Étant l’un des pays les plus pauvres de la planète, la majorité des habitants n’ont pas de compte bancaire.
Un taux de bancarisation inférieur à 5%
La République centrafricaine, le deuxième pays le moins développé du monde selon l’ONU, est en guerre civile depuis 2013. 71% de sa population est en-dessous du seuil de pauvreté et moins de 5% ont un compte bancaire. C’est dans ce contexte que l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité l’utilisation du bitcoin comme monnaie officielle aux côtés du Franc CFA, dans un but de modernisation, d’inclusion financière et de diversification des moyens de paiement.
Le président a salué cette décision « visionnaire » dans un communiqué relayé sur Twitter : « Par cette décision historique, le plan de redressement économique et de consolidation de la paix entre dans une nouvelle phase et l’Exécutif fait preuve de cohérence dans l’application de l’agenda qui prévoit la réalisation d’une croissance forte et inclusive au bénéfice du développement et de la performance économique, qui finalement, va générer la prospérité de nos concitoyens. »
Le FMI méfiant face à cette initiative
Cette décision suscite la méfiance du Fonds Monétaire International (FMI). Lors d’une conférence de presse, le directeur du département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie a déclaré que, « dans l’hypothèse d’un mouvement bien préparé vers la numérisation et par le biais de l’utilisation des monnaies numériques des banques centrales », les cryptomonnaies pouvaient « contribuer à un système de paiement plus robuste » en Afrique mais que cela devait être « être surveillé de manière très, très attentive », notamment en termes d’encadrement législatif et de transparence financière. Il a ajouté que les cryptomonnaies ne sont pas « une panacée contre les défis économiques » du continent.
En République centrafricaine, des députés de l’opposition ne voient pas l’utilisation du bitcoin d’un bon œil. Dans un courrier, plusieurs députés ayant étudié le projet de loi s’en sont finalement désolidarisés. Ils craignent en effet que cela favorisera « le blanchiment de l’argent sale et fera le lit de la fraude fiscale et de l’escroquerie », et en concluent que ce projet « ne peut susciter que de la suspicion ».