Après leur rencontre avec Emmanuel Macron, les géants du numérique n’ont pas tardé à annoncer de grandes mesures et investissements dans la recherche et l’économie en France. Google et Facebook renforcent notamment leurs pôles dédiés à l’IA.
On connaissait l’esprit French Tech d’Emmanuel Macron, mais maintenant que l’ancien ministre est devenu Président, c’est directement avec les géants de l’informatique qu’il traite. Il avait en fait invité 140 grands patrons étrangers au château de Versailles, où une sorte d’immense speed dating – des entretiens de 30 minutes chrono – était tenu entre patrons et membres du gouvernement. L’objectif ? Aborder l’avenir, renforcer les liens, et grappiller des promesses d’investissements. Mission accomplie puisqu’on parle aujourd’hui de 3,5 milliards d’euros glanés, et de 2200 emplois sur cinq ans créés en France.
Dans cette grand-messe du commerce, le Président de la République s’est évidemment gardé les morceaux de choix, à savoir Sundar Pichai, le PDG de Google, et Sheryl Sandberg, la numéro 2 de Facebook. Et l’intelligence artificielle était à l’honneur avec ces deux entités.
Google renforce sa présence en France
Google a ainsi formulé quelques annonces, et a notamment dévoilé l’ouverture d’un laboratoire consacré à l’intelligence artificielle à Paris, où ses chercheurs travailleront dans des domaines tels que la santé, l’art, ou l’environnement. Les bureaux de la capitale devraient donc s’agrandir, devenant un campus de 21 000m2 avec 6000 m2 supplémentaires. Le nombre de googleurs devrait doubler pour passer à 1000 employés.
Mais il n’y a pas que Paris dans les projets de Google, qui va lancer des « Ateliers Numériques » dans les régions françaises, gérés par un réseau de partenaires locaux du secteur numérique. La firme de Mountain View entend en ouvrir 4 dans les prochains mois, et le premier projet pilote se tiendra en Bretagne, où un Google Hub sera lancé à Rennes au premier semestre 2018.
« Nous espérons que ces nouveaux investissements aideront le pays, les universités et les entreprises locales à faire de la France un véritable champion numérique », conclut le patron de Google. On estime que la France pourrait gagner 200 à 250 milliards d’euros de valeur ajoutée supplémentaire par an d’ici 2025 avec un investissement approfondi dans le numérique.
Facebook s’associe à Pôle Emploi
Le géant des réseaux sociaux avait également son lot d’annonces suivant la rencontre de Sheryl Sandberg avec Emmanuel Macron. Facebook prévoit ainsi le triplement de son investissement en IA en France d’ici 2022, ainsi que le doublement des effectifs de chercheurs et ingénieurs à Paris. 10 millions d’euros supplémentaires seront injectés dans l’antenne parisienne de FAIR (Facebook AI Research), son laboratoire ouvert en 2015. Le laboratoire annonce d’ailleurs le recrutement de 30 chercheurs et ingénieurs supplémentaires, portant à 60 personnes ses effectifs d’ici 2022.
Les 10 millions d’euros serviront par exemple au renforcement du partenariat entre FAIR et l’INRIA, un organisme public de recherche, ou encore le financement d’investissements en infrastructures. « Facebook financera 10 serveurs de dernière génération dotés de 8 GPU, auprès d’un organisme central chargé d’en accorder l’accès à plusieurs organismes de recherche et startups », peut-on lire sur le communiqué de l’entreprise. « Ces 10 serveurs s’ajoutent aux 5 serveurs donnés en 2015 à des instituts de recherche français ».
Des mesures sociales ont aussi été annoncées par la firme. Elle va nouer un partenariat avec Pôle Emploi, formant 50 000 personnes aux outils numériques avant la fin de l’année 2019. Les détails de ce programme seront dévoilés dans les prochaines semaines. Autre initiative intéressante : le lancement du programme « She Means Business », déjà en place en Angleterre notamment, visant à accompagner des femmes entrepreneuses.
Pour Emmanuel Macron – et le gouvernement français – la consolidation des rapports avec les géants du numérique est plus que jamais désirable, à l’heure où la réforme fiscale de l’administration Trump pousse les géants US comme Apple à rapatrier leurs trésors de guerre aux États-Unis. Des fortunes qui bien souvent échappent déjà à l’imposition locale.