À l’occasion des cinquante ans de la saga cinématographique du Parrain, le réalisateur Francis Ford Coppola, qui a récemment reçu son étoile sur le fameux Hollywood Hall of Fame de Los Angeles, a glissé quelques confidences sur ce film indispensable qui aurait pu ne jamais voir le jour.
Tandis que Le Parrain (1972) fête aujourd’hui les cinquante ans de sa sortie avec une nouvelle édition des trois films remastérisés en 4K supervisés par Francis Ford Coppola en personne, le réalisateur d’Apocalypse Now (1979) et Conversation secrète (1974) – qui ont tous les deux reçu la Palme d’or – est revenu sur la genèse de son chef-d’oeuvre et a notamment confessé qu’il fut à deux doigts refuser le projet. « J’ai été très déçu quand j’ai commencé à le lire… c’était vraiment un livre que Mario Puzo avait écrit pour récolter de l’argent pour ses enfants (…) Quand ils m’ont proposé de le faire – principalement parce que tous les autres avaient refusé – j’ai également refusé », a ainsi déclaré Coppola lors d’une projection du film au sein du musée flambant neuf de l’Académie des Oscars. Qu’est-ce qui poussera finalement le cinéaste, à peine la trentaine à l’époque, à accepter la proposition et à réaliser ce film sur la famille Corleone qui remportera l’Oscar du meilleur film et deviendra l’un des plus gros succès cinématographiques de tous les temps ?
C’est un certain George Lucas, qui créera quelques années plus tard la saga Star Wars, qui finira par convaincre Coppola d’accepter le poste afin de sauver leur société de production commune, American Zoetrope, fondée en 1969. « Je pensais que ça allait être un échec particulier. Lorsque vous faites un film à contre-courant de ce qui se passe à l’époque, ce genre de film est difficile. Vous ne faites pas ce que tout le monde attend ou veut que vous fassiez », a déclaré Coppola à l’occasion de son introduction au Hollywood Walk of Fame. La production du Parrain fut en effet assez houleuse – à commencer par le casting du film à propos duquel les deux partis étaient constamment en désaccord, notamment sur le choix du jeune Al Pacino pour le rôle de Michael Corleone, encore relativement inconnu à l’époque – et le réalisateur manqua d’être renvoyé à plusieurs reprises par la Paramount. Sur le tournage, la tension était à son comble ; Coppola en viendra d’ailleurs aux mains avec son chef-opérateur Gordon Willis.
Au moment de sa sortie, Le Parrain deviendra pourtant le film le plus rentable de tous les temps et dépasse Autant en emporte le vent (1939) au box-office. Malgré le succès du film, Francis Ford devra constamment batailler avec les studios hollywoodiens pour financer ses futurs longs-métrages, à commencer par Apocalypse Now, qu’aucune major n’était prête à financer. Coppola devra investir une partie de sa propre fortune amassée grâce au succès du Parrain pour réaliser Apocalypse Now, dont la production fut chaotique de bout en bout, de même que Coup de coeur (1982), un échec cuisant qui le criblera de dettes. « Le Parrain m’a détruit », a récemment avoué Coppola lors d’une interview pour le magazine GQ, confirmant au passage la mise en chantier de Megalopolis, projet de coeur du réalisateur qui repasse pour la première fois derrière la caméra depuis plus de dix ans…
