Les principales organisations du cinéma français – le BLIC, le BLOC et l’ARP – se sont réunies au Cinéma des Cinéastes (Paris 17e) le mardi 22 février pour signer un accord historique avec la plateforme de streaming américaine.
Pour la première fois de son histoire, le cinéma français a signé un accord de taille avec le géant du streaming Netflix, qui confirme ainsi son engagement auprès de la création française et européenne alors qu’une nouvelle version de la chronologie des médias – ce dispositif qui encadre la diffusion des oeuvres cinématographiques après leur exploitation en salles – est entrée en vigueur le 10 février dernier. Cette nouvelle chronologie prévoyait notamment d’avancer la fenêtre de diffusion pour la plateforme de 36 à 15 mois après la sortie d’un film (avec une fenêtre d’exclusivité de sept mois), à condition qu’un accord soit effectivement signé avec les professionnels du cinéma. C’est à présent chose faite : avec ce nouvel accord entériné mardi, la plateforme fondée par Reed Hastings s’insère officiellement dans le système du cinéma français après des mois – pour ne pas dire des années – d’intenses négociations.
Avec cet accord historique, Netflix s’engage à investir environ 40 millions d’euros en 2022 dans la production audiovisuelle française et européenne. Pour les trois prochaines années prévues par le présent accord, la plateforme devra répartir 4% de son chiffre d’affaires annuel net (réalisé en France) sur trois axes : un minimum de 30 millions d’euros par an dans la « création cinématographique d’expression originale française », un minimum de dix films préfinancés chaque année et le fléchage de 17 % du montant de ces préfinancements vers des oeuvres dont le budget est inférieur ou égal à 4 millions d’euros (mesures qui empêcheront sans doute la plateforme de concentrer tous ses investissements vers un ou deux longs-métrages à gros budget).
Reste à savoir si les autres géants du streaming tels qu’Amazon Prime, AppleTV+ et Disney+ se mettront à leur tour d’accord avec le cinéma français autour d’une fenêtre de diffusion de 17 mois. La plateforme de Disney est notamment attendue au tournant étant donné l’impact de ses films au box-office. Pour l’instant, la firme aux grandes oreilles semble visiblement peu encline à retirer certains films de son catalogue une fois ouverte la fenêtre de diffusion des chaînes de télévision gratuites, fixée à 22 mois après la sortie en salles et prévoyant une exclusivité jusqu’au 36e mois, obligeant ainsi les plateformes à retirer les films en question de leurs catalogues durant cette période. Affaire à suivre.