[Rentrée littéraire] Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut, revient avec le premier tome d’une nouvelle saga littéraire consacrée cette fois-ci aux Trente Glorieuses et ouvre un nouveau chapitre de son grand projet littéraire.
Paru le 25 janvier dernier, Le Grand Monde marque le début d’une nouvelle saga romanesque pour Pierre Lemaitre qui, après plusieurs séries de polars à succès, a entamé en 2013 un vaste projet littéraire couvrant toute l’Histoire du XXe siècle. Il a ainsi reçu le prestigieux Prix Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut (Albin Michel, 2013), premier volet de la trilogie des Enfants du désastre, gigantesque succès critique et commercial – plus d’un million d’exemplaires écoulés, et adapté au cinéma en 2017 par Albert Dupontel. Suivront ensuite Couleurs de l’incendie (Albin Michel, 2018) et Miroir de nos peines (Albin Michel, 2020), qui parachèvent cette grande trilogie consacrée à la période de l’entre-deux-guerres. Mais Pierre Lemaitre ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il faisait déjà part de son intention de couvrir, en pas moins de dix volumes, l’ensemble du XXe siècle, de la Première Guerre mondiale à la chute du mur de Berlin. Un projet ambitieux qui rappelle les grandes fresques romanesques du XIXe siècle, dans les pas de Balzac, Zola ou Dumas.
Le Grand Monde est le premier volet des Années glorieuses, une tétralogie que Pierre Lemaitre entend consacrer à cette période bénie (1945-1975) de l’après-guerre. Le romancier, qui ne se pose pas en historien mais en véritable feuilletoniste, prend une direction légèrement différente en centrant cette fois-ci sa plume sur une seule et même famille, évoluant au fil des années : Le Grand Monde commence à Beyrouth (Liban) en 1948 et suit la famille Pelletier, dont l’enseigne paternelle, une savonnerie acquise dans les années 20, est devenue un véritable succès industriel. Le roman suit alors le destin des quatre enfants de la famille Pelletier, dont les trajectoires respectives emmèneront le lecteur loin de la prospérité de l’entreprise familiale. On y suit, entre autres, l’itinéraire du troisième frère, muté à Saïgon (Vietnam) : le roman lève alors le voile sur un vaste trafic monétaire (« l’affaire des piastres ») dont tout le monde semble tirer profit, symptôme des déboires de l’administration française à l’époque de la guerre d’Indochine (1946-1954).
Pierre Lemaitre, Le Grand Monde (Calmann-Levy), paru le 25/01/2022 – 592 pages – 22,90€.