Une nouvelle génération d’artistes affirme déjà ses singularités. Qu’ils émergent des réseaux, des scènes indépendantes ou de circuits plus institutionnels, ces sept noms dessinent les contours d’une pop en pleine recomposition. Tour d’horizon.
1 Oria
Difficile de passer à côté d’elle tant sa voix circule aujourd’hui sur les réseaux. Révélée par ses reprises de chanson française, la chanteuse niçoise Oria cumule plus de 120 millions de vues. Née d’une mère tunisienne et d’un père corse-algérien, elle revendique une sensibilité méditerranéenne qu’elle inscrit au cœur de son univers artistique. Cette identité se prolonge dans ses vidéos, tournées sur la Côte d’Azur.
Son projet repose sur un rapport quasi cinématographique à la musique. Dans un entretien accordé à Ici, elle explique : « Ça fait 7-8 ans que je fais beaucoup de studios d’enregistrement, mais il fallait que je puisse réussir à adopter une stratégie pour rencontrer le public. » Une démarche qui passe notamment par la performance en extérieur : « Je me rendais pas compte à quel point cela a été formateur pour la scène, de chanter devant des milliers de personnes [dans la rue]. »
2 Veeko
Présenté par France Inter comme « l’un des nouveaux grands talents de la batterie », Veeko appartient à cette génération de musiciens pour qui le rythme constitue un véritable langage. Nourri par le hip-hop, il développe une approche physique et vivante de la musique, où la batterie ne se contente pas d’accompagner mais devient un moteur narratif à part entière.« Dans le rap, le beat est souvent en fauteuil, posé, confortable, pour laisser le rappeur parler tranquille. Moi, j’aime quand la batterie se lève, quand elle marche, quand elle danse avec la voix », explique-t-il au micro de Daphné Bürki.
Cette conception du jeu l’a naturellement conduit vers de nombreuses collaborations, notamment avec Sofiane Pamart, Georgio, Aloïse Sauvage, Voyou ou Théodora, avant d’être sollicité par Pharrell Williams. Une reconnaissance progressive qui accompagne la sortie de son premier album, House of Birds, publié le 28 novembre, et qui marque une étape structurante dans son parcours.
3 Blowsom
Derrière ce nom d’artiste se cache Arnaud Bernard, musicien façonné par une culture pop et rock anglo-saxonne. Élevé au son des Beatles, il découvre la guitare enfant avant de développer son univers musical. À 18 ans, il part s’installer à Brighton où il se forme à la musique assistée par ordinateur. C’est là qu’il adopte le nom Blowsom, dérivé de blossom, « éclore ». À cette période, il explore une pop électronique nourrie d’influences rock, de Pink Floyd à Tame Impala, et diffuse ses premiers titres sur SoundCloud.
Un retour au français marque un tournant dans son parcours. Avec l’EP Les passantes, sorti le 5 décembre, il affirme une écriture plus intime. « L’amour me fascine ; je trouve ça inspirant, poétique, presque thérapeutique », confie-t-il à Brut. L’artiste compose, produit et mixe seul : « Avec peu de moyens, on peut tout faire », explique-t-il. Un positionnement artisanal qui trouve un écho croissant auprès du public. L’artiste se produira pour la première fois à la Cigale le 21 mai prochain.
4 St Graal
Ici, la pop se construit à la croisée du récit et de l’énergie collective. Originaire d’Angoulême, Léo Meynard, alias St Graal, se forme d’abord à la guitare puis au conservatoire, où il pratique aussi l’opéra. Rapidement, il s’éloigne des cadres académiques pour privilégier une approche plus instinctive. « Moi, je voulais m’amuser ! », confie-t-il à Friction Magazine. Cette recherche de liberté irrigue encore aujourd’hui son projet, nourri par une volonté constante de mêler émotion, humour et plaisir du jeu.
Son univers prend forme dans une pop aux accents électro et rock. Son ambition : « Faire une chanson triste sur laquelle les gens peuvent danser. » Son EP Les extraordinaires histoires d’amour de St Graal déploie une série de récits abordant les relations amoureuses, le désir, le rapport au corps ou encore la quête d’identité. « J’ai envie de parler de sujets qu’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre de manière assez crue ou terre-à-terre », explique-t-il à Maze.
Engagé dans une représentation plus inclusive, notamment à travers les scènes drag qu’il fréquente et met en lumière, il revendique une parole sans filtre. Une sincérité assumée qui nourrit son lien avec le public, aussi bien sur disque que sur scène. Il sera en tournée dans plusieurs villes entre mars et avril 2026 avant une date à l’Olympia, le 26 mars 2027.
5 Sombr
À tout juste 20 ans, Sombr fait déjà figure de phénomène générationnel. Le jeune artiste new-yorkais compte parmi les figures les plus visibles de la pop alternative, porté par le succès viral de back to friends. Le titre est devenu omniprésent sur TikTok. « Émotionnellement compliqué », c’est ainsi qu’il se décrit lui-même, revendiquant une musique pensée comme un journal intime.
Formé jeune, il nourrit son style par des influences allant de John Lennon à Billie Eilish ou Radiohead. « Quand j’étais plus jeune, je passais mes journées à écrire pendant le confinement », raconte-t-il. Avec son premier album I Barely Know Her sorti le 7 novembre, il confirme son statut d’artiste identifié, déjà récompensé (meilleur artiste alternatif aux MTV Video Music Awards 2025).
6 Alessi Rose
Originaire de Derby, Alessi Rose a rapidement été repérée parmi les nouvelles voix prometteuses de la pop britannique, notamment par la BBC. Elle développe une musique incarnée, nourrie d’influences allant de Madonna à Lana Del Rey et s’appuie sur une écriture frontale. « Quand j’ai commencé à écrire sur ce qui se passait à l’intérieur de moi, ça a été très libérateur », confie-t-elle.
Avec l’EP Voyeur sorti cet été, elle franchit une étape. Soutenue par la presse britannique et choisie pour assurer les premières parties de Dua Lipa (notamment les concerts des 23 et 24 mai 2025 à Paris La Défense Arena) puis de Tate McRae, elle s’affirme comme une voix montante à ne pas quitter des yeux.
7 Skye Newman
Révélée par des titres comme Hairdresser ou Family Matters, Skye Newman développe une pop britannique aux accents plus soul et plus âpres. Originaire de Londres, la chanteuse s’appuie sur une écriture directe, liée à son vécu. Ses chansons abordent sans détour le deuil, les relations toxiques ou certaines formes de violence ordinaire.
Cette approche lui a valu une reconnaissance rapide au Royaume-Uni. Repérée par la presse et soutenue par plusieurs figures établies, elle a notamment partagé la scène avec Ed Sheeran et assuré les premières parties de Lewis Capaldi. Son projet SE9 Part 1 rassemble des morceaux pensés comme des fragments autobiographiques. Elle s’inscrit ainsi dans une lignée d’artistes qui, à l’image de Lola Young, articulent pop et soul autour d’un regard lucide sur les émotions et les rapports humains.