Entretien

Oria, notre talent du mois : “J’ai beaucoup de choses à raconter, et surtout à transmettre”

27 décembre 2025
Par Lisa Muratore
Oria s'est fait connaître grâce à sa cover de “Toi jamais” de Sylvie Vartan.
Oria s'est fait connaître grâce à sa cover de “Toi jamais” de Sylvie Vartan. ©Alex Keil

Entre chanson française intemporelle et sonorités orientales, Oria s’impose comme l’une des voix à suivre en 2026. Autrice, compositrice et interprète, la chanteuse d’origine niçoise revendique une musique sensible, transgénérationnelle et profondément incarnée. À l’occasion de la sortie de Soirée mondaine et après le succès de Toi jamais, L’Éclaireur a rencontré l’artiste afin de parler de son parcours et de sa façon de créer.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans la musique ? Quel a été l’élément déclencheur ?

En réalité, je ne me souviens même pas du moment où j’ai commencé à chanter pour la première fois, tant cela a toujours fait partie de moi. Avec le temps, je me rends compte que c’est plus qu’une passion : c’est une vocation. Quelque chose de profondément ancré depuis l’enfance. J’ai toujours chanté, et cela s’est concrétisé assez naturellement. J’ai commencé à me professionnaliser vers l’âge de 15 ans, puis j’ai fait une pause pour reprendre mes études. À 21 ans, j’ai pris une décision très claire : ce serait mon métier, ma carrière. Et me voilà aujourd’hui, quelques années plus tard, à en parler avec vous.

Comment percevez-vous le chemin parcouru aujourd’hui ?

Ce n’est pas quelque chose qui est arrivé par hasard. Il y a eu énormément de réflexion, de choix, d’intention derrière chaque étape. Je sélectionne mes chansons avec beaucoup de soin, rien n’est laissé au hasard, et ce sont des années de travail. Aujourd’hui, tout cela se concrétise. Les gens ont parfois l’impression que tout fonctionne soudainement, mais, au sein de notre équipe, nous savons que cela fait huit ou neuf ans que nous construisons patiemment ce projet.

Vous dites que vous choisissez vos chansons. Comment cela se manifeste-t-il ?

Je suis autrice, compositrice et interprète. En parallèle, je me suis fait connaître sur les réseaux sociaux en proposant des reprises de chansons françaises, auxquelles j’ai apporté des sonorités orientales. Cela vient simplement de mon amour pour les ballades : je suis profondément une femme de chansons. C’est ainsi que j’ai commencé à exposer ma direction artistique sur les réseaux, tout en travaillant en coulisses mon propre univers, en écrivant et en composant. En général, je choisis les chansons au coup de cœur. Je ne les interprète pas parce qu’elles sont célèbres, mais parce qu’elles ont du sens pour moi. C’est exactement ce qui s’est passé avec Toi jamais, de Sylvie Vartan.

« Pour moi, ce n’est pas seulement un métier, c’est une vocation. »

Oria

Justement, revenons sur le succès de cette cover. Que pouvez-vous nous dire de cette chanson ?

J’ai mis un point d’honneur à faire une musique qui n’est pas forcément dans la tendance, mais qui est intemporelle. Parce qu’une bonne chanson, on peut l’écouter dans 20 ans, et on ressentira toujours l’émotion. C’est un point d’honneur que je veux mettre en avant dans tous mes choix artistiques. Et c’est ce qui s’est passé avec Toi jamais. Aujourd’hui, avec le recul, je vois qu’en fait, il y a une consonance transgénérationnelle. En ce sens, il y a les plus âgés qui connaissent Sylvie Vartan depuis les années 1970, puis les plus jeunes qui me découvrent moi. Et ça fait le pont entre les deux générations. C’est ce que j’aimerais faire avec ma musique aussi.

Clip officiel de Toi jamais d’Oria.

Quel rapport entretenez-vous avec l’univers de Sylvie Vartan ?

J’ai toujours aimé Sylvie Vartan, c’est une artiste que j’admire. Mais, lorsque j’ai repris Toi jamais, ce n’était pas directement en lien avec elle. J’avais d’abord entendu une reprise très jazz, interprétée par un collectif autour de Pierre de Maere, il me semble. Cette version m’a immédiatement touchée. Ensuite, en me renseignant sur la chanson, j’ai découvert qu’elle était de Sylvie Vartan. Le lien s’est fait presque par hasard. Ce n’est qu’après que je me suis intéressée à son parcours, à la femme et à l’artiste. Mais au départ, c’est la chanson qui m’a guidée, avant l’artiste.

Vous faites des covers de chansons françaises. Quel est votre lien avec ce genre ?

Je pense avoir une vieille âme. La chanson française, les textes forts, les mélodies qui prennent le temps de raconter des choses simples, mais profondes, sont des éléments qui me touchent énormément. Cela vient aussi de mon éducation. Mes parents m’ont beaucoup initiée à cette sensibilité : ils écoutaient beaucoup de chanson française, expliquaient le sens des paroles. Il y avait une photo de Jacques Brel à la maison. Tout cela m’a profondément marquée. Ce n’est pas un créneau que j’ai choisi consciemment : je n’ai jamais décidé de “faire de la chanson française”. J’ai simplement baigné dedans. Avec mon héritage culturel, mes origines, ma singularité et mon vécu de jeune femme, j’essaie d’y apporter une autre couleur. C’est quelque chose de très instinctif, jamais calculé.

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Hormis les covers vous composez vos propres chansons. Comment les imaginez-vous ? Quelle est finalement votre méthode de travail ?

Je n’ai plus de formule. Avant, j’en avais une : on écoutait une instru, on cherchait des mélodies, puis on écrivait. Aujourd’hui, il n’y a plus de règles. Je peux me réveiller à trois heures du matin avec un texte en tête, marcher dans la rue et être inspirée par un mot, une discussion, un regard, une couleur. Une chanson peut naître en une journée ou mûrir pendant des mois, voire des années. Prendre le temps permet d’être juste et, sur scène, cela se ressent. J’aime aussi travailler avec d’autres artistes, participer à des séminaires de création, composer en collectif. Je pense que ma force réside dans cette capacité à m’adapter et à naviguer entre différents environnements.

Vous venez du sud de la France, de Nice plus exactement. À quel point cette région vous inspire-t-elle ?

Elle m’inspire forcément, parce que j’y suis née et que j’y ai grandi. Je suis niçoise, profondément attachée à cette ville. Mon père y tient un bar dans lequel j’ai grandi, entourée de gens, d’habitués, de voyageurs venus du monde entier. Nice est le point de départ de tout pour moi. Il y a aussi la Méditerranée, la mer et la montagne : j’ai besoin de ces deux éléments pour me sentir libre. J’adore Paris, mais le Sud reste une source d’inspiration fondamentale.

Comment décririez-vous votre univers en quelques mots à une personne qui vous découvre aujourd’hui ?

Je dirais que je tente de proposer une chanson française intemporelle, nourrie de sonorités orientales, ancrée dans une musique populaire et accessible. Une musique qui puisse parler à tout le monde, des enfants aux grands-mères, et toucher toutes les âmes.

Vous avez dévoilé récemment votre nouveau titre, Soirée mondaine. Que pouvez-vous nous dire sur sa création et sa signification ?

Ce titre est né lors d’un séminaire de composition en Tunisie, avec mon équipe. Nous étions quatre. L’un des compositeurs a créé l’instrumental, et ce piano du début m’a immédiatement interpellée. J’y ai ressenti une tension, une urgence, qui m’ont inspiré les mélodies des couplets. J’ai voulu raconter l’histoire d’une jeune femme plongée dans un milieu qui n’est pas le sien, où elle tente de s’adapter sans en avoir les codes. Elle réalise finalement que ce qu’elle cherche à l’extérieur, c’est elle-même. Soirée mondaine parle autant de soirées que de vie. Mon expérience dans la restauration, les bars, l’observation de personnes cherchant à combler un vide, ont beaucoup nourri ce récit. Cette chanson parle de quête d’amour, de fuite en avant, et de cette bataille intérieure que l’on traverse lorsque l’on se cherche.

Vous reconnaissez-vous dans l’histoire de cette jeune femme ?

Oui, bien sûr. Même si je parle à la troisième personne, c’est aussi une manière inconsciente de parler de moi. Je me suis sentie concernée par chaque mot. J’ai aussi essayé de me mettre à la place d’autres femmes, d’autres personnes. J’écris pour que cela résonne chez chacun.

Comment vivez-vous cette nouvelle notoriété ?

C’est à la fois exaltant et déroutant. Après toutes ces années de travail, voir que cela prend forme professionnellement est une immense satisfaction. Pour moi, ce n’est pas seulement un métier, c’est une vocation. Mais cela vient aussi avec des épreuves, des moments de solitude. Je vis ces deux phases en parallèle. Malgré tout, je me sens prête. J’ai les épaules, les pieds sur terre, et je me sens alignée avec ce que je propose. J’incarne pleinement mon projet, et c’est ce qui me rend profondément heureuse.

Comment va se dessiner 2026 pour vous ?

Les prochaines semaines seront consacrées à défendre Soirée mondaine, mon premier titre en tant qu’autrice-compositrice-interprète. Il marque une étape importante. D’autres vidéos vont suivre, un album de chansons originales est en cours de création et sortira courant 2026. Il y aura aussi la scène, avec des concerts en mon nom, dès le printemps 2026.

Que peut-on vous souhaiter pour la nouvelle année ?

De rester alignée avec ce que je fais et ce que j’incarne. Continuer à vibrer avec la musique et à faire vibrer les autres. J’ai très hâte de partager mes chansons, mon histoire et de les défendre sur scène. J’ai beaucoup de choses à raconter, et surtout à transmettre.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste