L’arrivée de la cinquième saison a ravivé une ferveur collective : chaque mise en ligne relance une communauté mondiale en état de veille permanente, prête à disséquer chaque image. Occasion rêvée pour revenir sur les épisodes qui, à leur diffusion, ont saturé les réseaux, court-circuité les nuits de sommeil et consolidé Stranger Things dans la catégorie des objets culturels cultes.
1 Le monde à l’envers, chapitre 8, saison 1
Final inaugural et matrice de tout ce qui suivra : le dernier épisode de la première saison a livré une première synthèse de l’univers d’Hawkins, avec le sauvetage in extremis de Will, perdu dans l’Upside Down, secouru par Hopper et Joyce. Pendant ce temps, les enfants affrontaient leur propre apocalypse dans leur collège, se concluant par le sacrifice d’Eleven.
Mais s’il fallait retenir qu’un seul moment, ce serait la parenthèse d’ironie dramatique à la maison des Byers : Steve, jusque-là électron vaguement agaçant, débarque en pleine bataille contre le Démogorgon, embarqué malgré lui dans le combat surnaturel. Se forme alors le trio Nancy-Jonathan-Steve, dans une scène à la fois absurde et héroïque.
2 Le Flagelleur mental, chapitre 9, saison 2
Le retour d’El à la fin du second chapitre, attendu comme une délivrance, précipite en réalité l’urgence. Le Flagelleur mental resserre son emprise et l’épisode articule un double assaut : combat contre la brèche au laboratoire et exorcisme dans la cabane d’Hopper.
La performance de Noah Schnapp, traversé de spasmes et de terreur pure, a installé ce moment parmi les plus intenses de la série. Deux autres images ont également envahi immédiatement les discussions : la mort brutale de Bob, compagnon de Joyce, et Eleven refermant le portail avec Hopper à ses côtés.
3 La bataille de Starcourt, chapitre 8, saison 3
La troisième saison, déjà au sommet de son œuvre sous perfusion 80’s, se referme dans un centre commercial transformé en bunker. Les intrigues dispersées se rejoignent dans une chorégraphie de survie où Russes, Flagelleur mental et adolescents s’affrontent dans un crescendo d’absurdité maîtrisée. Le Mall devient épicentre de la série, à la fois décor et champ de bataille.
Parmi les moments clés, Dustin chantant L’histoire sans fin en plein désastre a cristallisé l’épisode en phénomène viral – mélange de kitsch et de suspension ironique. Quelques instants plus tard, le show replonge dans le tragique : Billy se sacrifie après qu’El atteint enfin son humanité dévastée.
4 Cher Billy, chapitre 4, saison 4
L’image a fait le tour du monde avant même la fin de la saison : Max, en lévitation au-dessus d’une pierre tombale, sous Running Up That Hill, Steve, Lucas et Dustin hurlant à un monde qui refuse de les entendre. En un seul plan, Sadie Sink est devenue le visage de Stranger Things.
La scène n’en est que plus puissante parce que tout l’épisode la prépare avec une précision chirurgicale. Max, persuadée d’être la prochaine victime de Vecna, écrit ses lettres d’adieu tandis que chaque intrigue secondaire se met progressivement à orbiter autour de la sienne. Le mythe Creel, exhumé par Nancy et Robin, ajoute une strate gothique à l’ensemble.
5 Le massacre du laboratoire d’Hawkins, chapitre 7, saison 4
C’est l’épisode qui fait basculer l’interprétation globale du récit. Le laboratoire de Hawkins n’est plus un lieu de torture scientifique abstrait, mais la scène d’un massacre perpétré par Henry Creel. L’enfant prodige devenu One, puis exilé dans l’Upside Down par Eleven, offre à la série son premier vertige moral.
Au même moment, le cadre s’élargit : Joyce et Hopper réunis, Dustin qui comprend la logique des portails, Nancy happée par Vecna au seuil de son retour. L’épisode montre que Stranger Things peut manipuler la révélation comme arme narrative. Après cela, la série ne raconte plus seulement une lutte contre une créature, mais la conséquence d’une faute originelle.
