France 2 diffuse ce soir un docu-fiction en quatre épisodes retraçant le parcours de Sonia, cette héroïne méconnue qui a permis à la police de localiser Abdelhamid Abaaoud, terroriste des attentats du 13 novembre.
C’est une histoire parmi tant d’autres, si tragiques, qui ont bouleversé la France il y a déjà dix ans. Parmi les programmes diffusés à l’occasion de l’hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, France Télévisions diffuse ce soir sur France 2 un docu-fiction intitulé Le choix de Sonia. Il retrace le destin de « Sonia » (nom d’emprunt), une femme dont le courage a permis d’empêcher un nouveau drame à Paris. Grâce à son témoignage, la police a pu localiser l’un des principaux auteurs des attentats et déjouer d’autres projets meurtriers.
Déclinée en quatre épisodes, la série met en scène la comédienne Carima Amarouche dans ce rôle. Pour des raisons de sécurité, la véritable protagoniste n’apparaît qu’un court instant à l’écran, dissimulée derrière un voile. Les scènes qu’elle a vécues sont rejouées par des acteurs. Aujourd’hui encore, elle vit sous protection policière, sous une nouvelle identité.
Rencontre avec un terroriste
Deux jours après les attaques du 13 novembre 2015, Sonia, mère de famille et bénévole aux Restos du cœur, voit sa vie basculer. Elle héberge depuis plusieurs années une jeune femme, Hasna, et accepte de l’accompagner récupérer un cousin présenté comme un adolescent en fugue. Ce qu’elle ignore alors, c’est qu’il s’agit en réalité d’Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attaques de Paris.
Lorsqu’elle le rencontre, caché sous un pont d’Aubervilliers, Sonia comprend immédiatement qu’il s’agit du terroriste recherché. Quand elle lui demande s’il a participé aux attentats, il acquiesce sans détours. Horrifiée, mais lucide, elle garde son sang-froid. « Je me dis qu’il va falloir être plus maligne que lui, et qu’il faut surtout l’empêcher de terminer ce qu’il a commencé », raconte-t-elle dans le documentaire.
Le lendemain, Sonia contacte la police. Malgré le flot d’appels reçus par les services antiterroristes, son témoignage retient l’attention grâce à un détail : Abaaoud portait des baskets orange, information connue uniquement des enquêteurs. Ce signalement convainc la Sous-direction de la sincérité de son récit. Le 18 novembre, le RAID lance un assaut dans un immeuble de Saint-Denis, où se cachent le terroriste et ses complices. L’opération met fin à sa cavale et empêche d’autres attaques en préparation.
Une héroïne de l’ombre
Le prix à payer pour cet acte de courage est immense. Depuis dix ans, Sonia vit sous protection policière, quelque part en Europe. « Depuis le 13-Novembre, je n’ai plus de vie. Je voudrais être madame tout-le-monde, avec une petite maison, un travail… mais je suis madame personne », confie-t-elle dans un épisode, dans lequel sa voix a été modifiée, son visage dissimulé derrière une capuche, des lunettes et un voile.
Pour réaliser ce docu-fiction qui raconte son histoire, les réalisateurs David André et Violette Lazard ont imaginé un dispositif unique, qui lui redonne la parole sans la mettre en danger. Les scènes de fiction alternent avec les témoignages d’anciens responsables politiques et policiers, dont François Hollande et Bernard Cazeneuve.
« Le courage est universel »
Pour Carima Amarouche, qui incarne Sonia, ce rôle dépasse la simple interprétation : « Sonia a fait, sans hésiter, ce que beaucoup d’entre nous auraient peut-être redouté de faire si notre vie ou celle de nos proches était en jeu. Peu importe son prénom, ses origines ou sa religion : si elle s’était appelée Mireille, j’aurais voulu la jouer de la même manière. Car le terrorisme et le radicalisme n’ont ni couleur ni frontières, et le courage, lui, est universel », confie la comédienne dans un communiqué de presse. À travers le destin de cette femme invisible, Le choix de Sonia rend hommage à celles et ceux qui ont choisi la vie et la justice au péril de la leur.
