Après Spectateurs !, dévoilé en début d’année 2025, Arnaud Desplechin est de retour en salles afin de présenter Deux pianos porté par François Civil. Critique.
Après un long exil au Japon, Mathias (François Civil) revient à Lyon. Sa mentor (Charlotte Rampling) l’a sommé de venir se produire à ses côtés à l’occasion d’une série de concerts. Toutefois, ce retour au bercail ne va pas seulement chambouler la carrière de ce prodige du piano mais bien sa vie personnelle. Un jour, alors qu’il croise un enfant qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, les certitudes de Mathias vont voler en éclats. Serait-ce son enfant caché ? Un enfant qu’il a eu avec son amour de jeunesse Claude (Nadia Tereszkiewicz) ?
Alors que celle-ci vient de perdre son mari ; un ancien ami de Mathias, ce dernier va renouer avec la jeune femme. L’occasion de replonger dans les souvenirs d’une relation passée, passionnelle et douloureuse afin de peut-être se laisser une chance.
Avec Deux pianos, Arnaud Desplechin convoque des thématiques fidèles à son cinéma. En filmant les pérégrinations de son personnage masculin, le réalisateur déploie une réflexion sur l’amour, la souffrance ou encore la résilience. Surtout, il donne à voir la vie dans ce qu’elle a, à la fois, de plus tragique mais aussi de plus beau en évoquant également le jusqu’au boutisme de la création ainsi que l’importance de la transmission (qu’elle soit artistique ou familiale).
Avec Deux pianos, Arnaud Desplechin poursuit une filmographie déjà riche autour des réminiscences (Trois souvenirs de ma jeunesse, Les fantômes d’Ismaël) mais aussi de l’art dans ce qu’il a plus pur (Spectateurs !), tout en usant du mélodrame (comme dans Frère et sœur) pour montrer tour à tour la frénésie de la vie et sa rudesse.
François Civil convaincant
Dans cet exercice, Arnaud Desplechin a fait appel à François Civil pour incarner ce joueur de piano à la dérive et Nadia Tereszkiewicz, son ancien amour. Ensemble, la nouvelle garde du cinéma français forme un couple électrique, beau, tendre mais désaccordé. La nouvelle figure de proue du cinéma d’auteur français dévoilée par Les amandiers (2022) s’octroie ici un rôle libre et puissant, presque insaisissable face à François Civil.
De son côté, l’acteur de L’amour ouf offre une palette de jeu intéressante. Plus habité que dans le film de Gilles Lellouche sorti en 2024, le comédien dévoile une partition plus fébrile, intérieure, voir stoïque. Un registre dans lequel on avait déjà pu le découvrir dans Pas de vagues (2024), proposition intime sur un professeur accusé de harcèlement.
Avec Deux pianos, François Civil montre qu’il peut tout jouer. Après Les trois mousquetaires (2023) et L’amour ouf, deux longs-métrages flamboyants, l’acteur dévoile avec ce mélodrame lancinant une facette plus intime et torturée. Un changement de registre bienvenu pour celui qui sera bientôt à l’affiche d’une série aux côtés de Kit Harington (Game of Thrones). Les deux comédiens incarneront, en effet, les rôles principaux du Conte de deux cités, un classique de Charles Dickens, présenté par la BBC et MGM+ comme un mélange de thriller et de romance sur Allociné.
En attendant le passage du côté de la série historique, François Civil est à découvrir dans Deux pianos face à Charlotte Rampling — terriblement charismatique — ainsi que Nadia Tereszkiewicz. Signé Arnaud Desplechin, ce mélodrame ne réinvente pas le genre, mais aura le mérite de s’inscrire largement dans la filmographie de son cinéaste tout en proposant des partitions émouvantes et habitées de la part de son casting.
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