Le déploiement de l’AI Mode et la généralisation des résumés de résultats par IA remet en question tout l’écosystème du web d’aujourd’hui.
La responsable de Google Search, Liz Reid, a publié hier un billet de blog en forme d’extincteur. D’après elle, la recherche web par IA offrirait, en réalité, plus de clics aux sites web, et améliorerait le degré de rétention des internautes. Des informations qui contredisent totalement les observations de l’institut Pew Research, qui alertait la semaine dernière sur la baisse importante de fréquentation de plusieurs sites web d’information.
La recherche par IA au bénéfice des sites web ?
Dans la plupart des autres pays que la France, Google a déjà déployé ce qu’il appelle les « AI Overviews », c’est-à-dire des réponses générées par intelligence artificielle aux requêtes que vous entrez dans le moteur de recherche. Une nouvelle fonctionnalité qui accélère la prise d’information pour les internautes (au risque qu’elles soient fausses), mais réduit aussi mécaniquement les clics menant vers les sites web à l’origine de ces informations. Pourtant, Google se veut rassurant : le volume de clics sur les pages de recherche de la firme serait resté « relativement stable » depuis la mise en place des AI Overviews.
Une observation qui vient directement contredire l’institut Pew Research, dont une étude a montré que les internautes qui se voient présenter des résumés par IA ont beaucoup moins de chances de cliquer sur un lien. Un rapport balayé par Liz Reid, qui estime que « nos données contredisent des rapports tiers qui suggèrent des baisses dramatiques de trafic — souvent basés sur des méthodologies dépassées, des exemples isolés, ou des baisses de trafic qui avaient déjà lieu avant le déploiement de la recherche par IA ».
Pourtant, une enquête du Wall Street Journal détaillait plus tôt cette année que des titres comme Business Insider, The Washington Post et le HuffPost avaient subi une importante baisse de leur fréquentation depuis la généralisation des moteurs de recherche par IA, laquelle a pu mener certains médias à licencier une partie de leur équipe.
La fin du web tel qu’on le connaît
Ce n’est qu’une question de mois avant que les AI Overviews arrivent en France. Les effets des moteurs de recherche par IA sont déjà visibles autour de nous : combien préfèrent déjà utiliser ChatGPT que Google pour les petites recherches du quotidien ? Aussi, l’écosystème du web des années 2010, intégralement basé sur les optimisations permettant d’apparaître en bonne position dans les résultats de recherche Google, est sur le point de s’effondrer. Et les victimes risquent d’être nombreuses.
C’est un phénomène connu, et observé de la part de tous les internautes. Les règles de Google permettant de s’assurer une bonne place dans les résultats ont façonné les titres, la hiérarchisation de l’information dans les articles de presse. Et, avec l’arrivée des résultats générés par IA, c’est un nouveau paradigme qui se met en place. Les experts SEO (Search Engine Optimization, qui accompagnent les éditeurs pour améliorer leur position sur Google) voient également leur business chahuté, les obligeant désormais à devenir experts GEO — Generative Engine Optimization.
C’est mécanique : si le taux de clics baisse sur les sites web, cela signifie que les revenus publicitaires des sites vont baisser. Une situation qui pourrait mener à des suppressions de poste, et donc à une réduction du volume d’articles publiés, rendant lesdits sites encore moins visibles par les moteurs de recherche. Qui sait combien de sites survivront à cette déferlante ?