Critique

Pris au piège, avec Austin Butler : drame inexorable dans un New York fantasmé

27 août 2025
Par Robin Negre
“Pris au piège”.
“Pris au piège”. ©Sony Pictures

Le cinéaste met en scène Austin Butler dans une version nostalgique et sordide de New York et livre son meilleur film depuis longtemps.

Darren Aronofsky est un cinéaste qui ne laisse pas indifférent. Depuis ses premiers succès (dont le mythique Requiem for a Dream en 2000), le réalisateur a continué de mettre en scène des personnages brisés par la vie, comme dans The Wrestler (2008) ou Black Swan (2010).

Depuis, les films de Darren Aronofsky ont rencontré un accueil plus mitigé et le réalisateur s’est quelque peu perdu dans un symbolisme poussé à l’extrême. Avec Pris au piège – Caught Stealing, il revient à une simplicité et une efficacité salvatrice. Son meilleur film depuis 15 ans.

Pris au piège – Caught Stealing.©Sony Pictures

Ancien joueur de baseball, Hank travaille dans un bar à New York et apprécie sa routine tranquille. Quand son voisin, l’excentrique Russ, lui demande de garder son chat quelque temps pour qu’il puisse partir à Londres voir son père, Hank tombe malgré lui dans une guerre des gangs violente et essaie de s’extirper de cette situation.

Un New York fantasmé ?

Darren Aronofsky ne s’en cache pas : son film est directement inspiré de sa propre vision de la ville de New York dans les années 1990. Une époque révolue, aussi bien d’un point de vue social que technologique. Plus encore, New York a drastiquement changé en trois décennies (à partir des années 1970 et sous l’impulsion de Rudy Giuliani, son maire). Le New York aux quartiers malfamés et à la criminalité importante a laissé place à une ville plus sûre, plus calme et aux quartiers rénovés.

Darren Aronofsky filme ce New York encore assez récent, mais déjà totalement révolu avec une nostalgie ambiguë – comme s’il regrettait cette ville délabrée et violente – qui participe toutefois à l’ambiance singulière du long-métrage.

Pris au piège – Caught Stealing.©Sony Pictures

Un vrai “film d’ambiance”

En recréant un New York fantasmé venu tout droit des années 1990, Darren Aronofsky insuffle à son film une ambiance, une couleur, une odeur. La ville a ses bons et ses mauvais côtés, la dangerosité est de mise, mais tout semble authentique.

Les relations humaines sont crédibles – celle entre Austin Butler et Zoë Kravitz est particulièrement touchante et sincère –, et la ville grouille de vies et de détails (plus ou moins sordides). Le cinéaste montre qu’il a envie de recréer un souvenir, une image ancrée d’une période et d’un lieu qu’il a connus et qui ont changé. Malgré ce biais de perception – le « c’était mieux avant » est totalement improbable face à l’intrigue du film –, Pris au piège crée l’effet recherché et l’aspect nostalgique se perçoit dans la démarche de Darren Aronofsky.

Ambiance fantasmagorique, personnages hauts en couleur, situations rocambolesques, Pris au piège pourrait presque passer – dans sa première partie – pour un film hybride, entre second degré et cynisme d’un côté, et violence extrême et univers criminel de l’autre. Est-ce une comédie satirique, une fable noire, un drame social ancré dans une ville façon Quentin Tarantino ?

Darren Aronofsky laisse planer le doute quant au ton de son film avant de changer drastiquement de style, en impliquant d’avantage ses personnages émotionnellement. La dangerosité de la situation devient tangible et réelle. La dramaturgie monte d’un cran et le film gagne en consistance, en richesse et en densité. 

Austin Butler impérial

Après ses rôles dans Elvis (2022), The Bikeriders et Dune, deuxième partie (2024), Austin Butler trouve un nouveau rôle important pour sa carrière. Dans Pris au piège, il est plus naturel et charismatique que jamais. Épargné d’une transformation physique importante, d’un maquillage proéminent ou de la nécessité de correspondre à un personnage historique, il retrouve une belle simplicité de jeu. Austin Butler brille et s’impose comme un grand acteur. Son personnage, traumatisé par un passé et par une gloire qu’il ne peut plus rencontrer, ne cherche pas l’aventure. Les événements lui tombent dessus, il ne peut qu’y répondre.

À ses côtés, une galerie de personnages et de comédiens participent à la richesse du film, avec des rôles plus ou moins importants. Zoë Kravitz, Matt Smith, Regina King, Liev Schreiber, Vincent D’Onofrio ou encore Bad Bunny complètent la distribution du film et participent à rendre le spectacle plus vivant, plus organique.

Pris au piège – Caught Stealing.©Sony Pictures

En laissant de côté son excentricité et son récent symbolisme à outrance, Darren Aronofsky retrouve ce qui a fait de lui un cinéaste si plébiscité : mise en scène précise, histoire prenante et personnages atypiques en quête de réponses ou de réparations. Son protagoniste est moins brisé que dans ses premiers films, mais tout le monde autour de lui l’est.

En faisant revivre précisément une époque et un lieu, Darren Aronofsky fait de ce Pris au piège une réussite, une bulle nostalgique que personne ne veut réellement retrouver, mais qui permettait toutes les folies, même les plus graves, les plus dramatiques et les plus horribles.

La bande-annonce de Pris au piège – Caught Stealing.

Pris au piège – Caught Stealing de Darren Aronofsky, avec Austin Butler, Regina King, et Zoë Kravitz, 1h47, au cinéma le 27 août 2025.

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