Adapté d’un roman primé de Laura Restrepo, le nouveau programme de Netflix offre une enquête intime à travers les méandres d’un esprit brisé. Un récit fragmenté dans une mise en scène originale, où chaque souvenir devient une pièce du puzzle.
Depuis sa mise en ligne sur Netflix le 18 juillet, Delirio s’impose comme l’un des succès inattendus de l’été. Cette minisérie colombienne au ton résolument psychologique figure désormais parmi les cinq programmes les plus regardés de la plateforme. En huit épisodes seulement, elle réunit tous les ingrédients du format plébiscité par les abonnés : tension, mystère et une narration aussi troublante qu’efficace.
L’œuvre audiovisuelle s’inspire du roman éponyme de l’autrice colombienne Laura Restrepo, publié en 2004. Récompensé par le prix Alfaguara du roman la même année, puis par le prix Grinzane Cavour en 2006, le livre a rencontré un large succès critique et public en Amérique latine comme en Europe. Sa force : mêler intrigue intime et contexte politique dans un récit tendu autour des ravages de la folie et des silences familiaux.
L’ombre des souvenirs
L’histoire suit Fernando Aguilar, professeur de littérature, de retour d’un court séjour à Bogotá. À son arrivée, il découvre sa femme Agustina dans un état de profond délire, prostrée, incohérente. Face au choc, il entame une enquête personnelle pour comprendre ce qui a pu précipiter sa chute mentale.
En reconstituant le passé d’Agustina, il exhume un enchevêtrement de secrets : un père violent, une famille issue de la haute bourgeoisie et une passion destructrice pour un homme surnommé El Midas. La série, comme le roman, jongle entre flashbacks et présent pour mieux exprimer la fragmentation psychique de son héroïne.
Une scène latino-américaine
Dans le rôle de Fernando, on retrouve Juan Pablo Raba, visage familier des abonnés Netflix pour son interprétation de Gustavo Gaviria dans Narcos. À ses côtés, Estefanía Piñeres (Las Villamizar) incarne Agustina. Juan Pablo Urrego (Surviving Escobar: Alias JJ) complète la distribution dans le rôle d’El Midas.

Sous couvert d’un drame conjugal, Delirio explore les blessures d’un pays tout entier. Par le prisme de la folie, la série évoque les traumas collectifs de la Colombie des années 1980 : poids des élites, collusion avec les cartels… Si la structure non linéaire peut désorienter, elle semble participer à la force du récit, notent certaines critiques.