La chaîne franco-allemande nous fait voyager au cœur de la Namibie avec une minisérie qui explore les blessures de la colonisation portugaise.
Dans les vastes étendues du désert namibien, une quête se dessine, mêlant souvenirs d’enfance et cicatrices de l’histoire. Les Papiers de l’Anglais, une minisérie Arte réalisée par Sérgio Graciano, s’empare de la trilogie littéraire Os Filhos de Próspero de Ruy Duarte de Carvalho ce jeudi 12 décembre. Entre les lignes de cette aventure poétique se dévoilent les empreintes du colonialisme portugais et les tensions d’un passé toujours vivant, sublimées par un rythme contemplatif.
Une histoire entre poésie et mémoire
L’intrigue suit Ruy Duarte de Carvalho, anthropologue et poète, parti en 1999 à la recherche des mystérieux « papiers de l’Anglais », laissés par son père dans le désert du Namib. Ces documents, porteurs de révélations sur un drame historique et peut-être d’un trésor littéraire, deviennent le prétexte d’un voyage initiatique, avec la compagnie de Jonas Trindade, son ami et cuisinier fidèle.
Au fil de l’aventure, d’autres personnages enrichissent le récit, comme Kaluter, cousin venu du Portugal, ou Paula et Camilla, deux figures féminines incarnant l’intellect et l’émancipation. Ce périple géographique et intérieur questionne les héritages de la colonisation, tout en célébrant la beauté des terres et des peuples d’Afrique.
Une poésie contemplative qui divise
Adaptation ambitieuse d’une œuvre littéraire poétique, la mini-série produite par Arte n’a pas laissé les critiques indifférents. L’Humanité célèbre une œuvre qui « pose un regard neuf sur la décolonisation », saluant des dialogues ciselés et des silences évocateurs.
Jonas, décrit comme un personnage complexe, « amateur de classiques grecs », incarne « la mémoire du pays », passant « de commis de cuisine au service des colons à résistant, puis homme libre ». En revanche, Télérama déplore un récit « par trop sinueux et elliptique », où les « méandres digressifs » et les « temporalités multiples » peuvent égarer le spectateur.
Une expérience singulière et sensorielle
Enfin, de son côté, Le Nouvel Observateur salue « une adaptation réussie » qui s’éloigne des conventions télévisuelles. « Marre des flics, des serial killers, des cliffhangers ? Cette série est faite pour vous », écrit la critique, qui évoque une quête tournée vers « la lumière, la beauté, la lenteur ».
Ce « conte philosophique » mené par Ruy Duarte de Carvalho, incarné par João Pedro Vaz, mêle quête intime et réflexion sur « le destin d’un peuple confronté à la colonisation portugaise et à sa violence ». Si sa « lenteur fascinante » charme certains, elle pourrait aussi « sembler exaspérante aux téléspectateurs trop impatients », reconnait le magazine.