Dans une époque où l’Église règne en maître et où la pensée scientifique est parfois un crime, Du mouvement de la Terre nous plonge dans la quête périlleuse de Rafal pour révéler la vérité cosmique. Un affront audacieux aux ténèbres de l’ignorance, servi par une animation aussi sombre que captivante.
Malgré sa diversité, le manga offre peu d’œuvres qui osent explorer les sciences. Ces dernières années, Dr. Stone a réussi à insuffler un nouvel intérêt pour cette catégorie en prouvant que celles-ci pouvaient séduire un large public. Cependant, derrière son succès, ce shōnen repose sur des théories souvent diluées dans un spectaculaire parfois superficiel, où la vérité scientifique est subordonnée à l’impératif du divertissement.
C’est dans ce contexte que l’adaptation de Du mouvement de la Terre, dont les deux premiers épisodes sont sortis le 5 octobre sur Netflix, apporte une perspective bien plus ambitieuse. Ce seinen de Uoto, publié dans Big Comic Spirits entre 2020 et 2022, aborde un thème rarement exploré dans le manga : la découverte de l’héliocentrisme. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, l’œuvre se distingue par son approche rigoureuse et sa sobriété, contrastant avec les excès souvent caractéristiques du genre.
La science contre l’Église
Dans une Europe médiévale où la religion règne en maître et où la science n’a d’autre vocation que de justifier le dogme, toute pensée divergente mène à la torture ou au bûcher. Rafal, jeune prodige en théologie, incarne l’ambition et la soumission intellectuelle à cette élite croyante, jusqu’au jour où il rencontre Hubert, un ancien prisonnier condamné pour avoir soutenu l’héliocentrisme.
Derrière une façade de repentance, Hubert continue d’étudier secrètement les astres, éveillant la curiosité de Rafal. Fasciné par cette vision radicale de l’univers, Rafal voit ses certitudes s’effondrer. Confronté à l’évidence que la Terre tourne autour du Soleil, il embrasse cette vérité, conscient que cette quête de savoir pourrait le mener à la ruine.
Eppur si muove – “Et pourtant, elle tourne”
Même pour ceux qui n’ont que peu de souvenirs de leurs cours de physique et d’astronomie, Du mouvement de la Terre offre une immersion fascinante dans les principes qui régissent notre univers. À travers la quête de compréhension de Rafal, le récit démystifie avec clarté l’opposition entre le géocentrisme – cette théorie d’Aristote qui plaçait la Terre au centre de l’univers – et l’héliocentrisme, soutenu plus tard par Galilée. Loin d’être un simple récit pédagogique, c’est un véritable hommage à la révolution scientifique.
Mais ce qui distingue vraiment l’œuvre, c’est son ambiance de seinen, bien plus sombre et sérieuse que le ton bon enfant de Dr. Stone. Ici, le récit n’épargne ni le sang ni la violence, reflétant la brutalité de l’époque. L’exploration de la lutte acharnée contre les dogmes de l’Église, où le blasphème et l’hérésie sont punis par des tortures impitoyables et des exécutions atroces, apporte une dimension tragique et oppressante.
L’animation au rendez-vous
Signée par le studio Madhouse (à qui l’on doit Overlord et One Punch Man), l’animation plonge le spectateur dans une époque médiévale lugubre, où règnent misère, superstition et une Église autoritaire. Certes, la représentation est un peu caricaturale, mais elle capte l’essentiel : une lutte symbolique entre la lumière de la raison et l’obscurité de l’ignorance.
Petit clin d’œil pour les amateurs de doublage japonais : vous aurez le plaisir de retrouver la voix grave et inquiétante de Kenjiro Tsuda, déjà connu pour ses rôles emblématiques de Nanami Kento dans Jujutsu Kaisen et Overhaul dans My Hero Academia. Ici, il prête son timbre caractéristique à l’inquisiteur tortionnaire, incarnant à merveille la menace cléricale implacable, renforçant davantage l’atmosphère oppressante de l’anime.
