Critique

Quand vient l’automne de François Ozon : thriller du troisième âge ?

02 octobre 2024
Par Lisa Muratore
Josiane Balasko et Hélène Vincent dans “Quand vient l'automne” de François Ozon.
Josiane Balasko et Hélène Vincent dans “Quand vient l'automne” de François Ozon. ©2024 - FOZ- FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME

Attendu ce mercredi 2 octobre au cinéma, Quand vient l’automne marque le retour de François Ozon sur grand écran dans un drame qui dépasse le polar attendu.

Le prolifique François Ozon est de retour ce mercredi 2 octobre dans les salles obscures afin de présenter Quand vient l’automne. Seulement un an après Mon crime (2023), le cinéaste s’éloigne de la comédie pour revenir à un ton plus tragique et raconter l’histoire de Michelle (Hélène Vincent), une vielle dame isolée, qui compte les jours avant de retrouver son petit-fils pour les vacances de la Toussaint.

Cependant, leurs retrouvailles vont virer au cauchemar quand Michelle manque d’empoisonner sa fille, Valérie (Ludivine Sagnier). Un geste qui ne fera que ternir la relation déjà compliquée des deux femmes et pousser plusieurs personnages à commettre l’irréparable.

Les mamies flingueuses ?

Après la comédie policière portée par Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, c’est un autre duo féminin que le cinéaste a choisi de faire évoluer devant sa caméra. Hélène Vincent et Josiane Balasko sont, en effet, les têtes d’affiche d’un film se présentant comme un polar. François Ozon y utilise le non-dit comme un argument scénaristique passionnant, jouant sur les jeux de regards et la dissimulation pour laisser notre imaginaire faire le reste. Bonne-Maman serait-elle finalement capable des pires atrocités pour se sentir moins seule ?

Hélène Vincent incarne Michelle dans Quand vient l’automne.©2024 - FOZ- FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME

Un flottement intéressant qui nous pousse constamment à changer d’avis sur les personnages que met en scène François Ozon. Michelle, derrière ses airs de vielle dame bien sous tous rapports, cache en réalité un sombre passé. Sa meilleure amie, Marie-Claude (Josiane Balasko) est, quant à elle, prête à tout pour protéger son fils, Vincent (Pierre Lottin), tout juste sorti de prison. Des mamies flingueuses qui cacheraient donc leur jeu derrière la cueillette aux champignons et une vie paisible en Bourgogne ?

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Portrait de femmes

Cependant, le film est bien plus complexe que cela et utilise les ressorts du suspense avant tout pour offrir un portrait de femmes souvent ignorées par le grand écran. Des femmes d’âge mûr, vieillissantes, seules et ignorées par la société, que François Ozon choisit de mettre en lumière. Grâce à son nouveau film, le réalisateur casse, en effet, l’image classique et cliché de la grand-mère pour donner à voir des personnages féminins complexes, violents, mais aussi terriblement émouvants.

Dans sa solitude Michelle peut ainsi compter sur Marie-Claude, incarnée par l’excellente Josiane Balasko. L’ancienne comédienne du Splendid trouve ici un rôle dramatique épatant et plein de pudeur, six ans après Grâce à Dieu (2018). Hélène Vincent, de son côté, parvient à nous troubler autant qu’à nous émouvoir par son ambivalence et finira par former, avec Pierre Lottin, une famille dysfonctionnelle, mais attachante.

Josiane Balasko, Pierre Lottin et Hélène Vincent dans Quand vient l’automne.©2024 - FOZ- FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME

Outre son ambiance pesante, Quand vient l’automne est donc un long-métrage sur les relations maternelles, le temps qui passe et la mort ; des thèmes que l’on retrouvait déjà dans l’univers du cinéaste à travers notamment Été 85 (2020) ou encore Tout s’est bien passé (2021).

Bande-annonce de Quant vient l’automne.

Bien que l’on aurait aimé que le polar bénéficie d’une plus grande envergure, il apparaît davantage comme un ressort scénaristique qu’une véritable démonstration de style de la part de François Ozon. Le cinéaste détourne le genre et lui donne les couleurs grisâtres de l’automne pour nous faire une nouvelle fois entrer dans son univers. Un monde qui n’en reste pas moins malaisant, morbide et qui explore à merveille les failles de l’humanité. N’est-ce pas d’ailleurs à cela que l’on reconnaît un bon thriller ?

Quand vient l’automne, de François Ozon, avec Hélène Vincent, Josiane Balasko, Pierre Lottin et Ludivine Sagnier, 1h42, le 2 octobre au cinéma.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste