Critique

Rebel Moon sur Netflix : que vaut la director’s cut de Zack Snyder ? 

05 août 2024
Par Robin Negre
“Rebel Moon”.
“Rebel Moon”. ©Netflix

La version longue du diptyque est disponible depuis le 2 août sur Netflix et permet d’apprécier la saga selon la véritable vision du réalisateur.

Après une longue campagne médiatique assurant que Rebel Moon allait avoir droit à plusieurs versions, le résultat est enfin là. Les deux (premiers ?) films de la saga de space-opera façon Zack Snyder sont en effet disponibles sur Netflix et changent radicalement l’appréciation des films, après un accueil très mitigé pour les versions « classiques ».

Avoisinant les 6h30 de film en tout (contre 4h précédemment), ces nouveaux films enrichissent l’intrigue et le développement des personnages, tout en se basant sur une approche Rated-R, violente, sanglante et sexy.

Le poster de la director’s cut de Rebel Moon.©Netflix

Rebel Moon suit la tentative de survie d’un village agricole sur une lune isolée face à la tyrannie, et lance son protagoniste en quête de guerriers valeureux pour défendre le village.

Mélange assumé des Sept Samouraïs et de Star Wars, Rebel Moon développe également une large mythologie et puise dans différents mythes (nordiques et scandinaves) sans jamais cacher son ambition d’expansion, les deux premiers films n’étant que la première pierre d’un large édifice alors que Zack Snyder aimerait faire au moins quatre ou cinq films, ainsi que des spin-off.

La bande-annonce pour public averti de Rebel Moon.

Théâtralité et symbolisme

Avec cette director’s cut, Zack Snyder retrouve ainsi ses principales obsessions esthétiques et « corrige » les errances de la version classique. Dès la longue scène d’introduction inédite, la première partie montre la note d’intention : moins d’exposition et plus de violences. Le film évite certains écueils ou fautes de mauvais goût et adopte une posture plus adulte.

La violence manifeste et le gore à outrance font également du bien à la caméra du cinéaste. La mise en scène trouve enfin une finalité et n’a plus la sensation d‘être amputée par nécessité d’aseptiser ou de ne pas montrer la violence complètement. Désormais Zack Snyder ne se refuse rien et propose un spectacle d’hémoglobine et de têtes coupées, sans se retenir également sur la nudité. Toute cette violence affirme le propos autour de la tyrannie et de la soumission des opprimés, en plus de permettre quelques séquences d’action plus inspirées.

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Cette director’s cut permet donc de rectifier de nombreux défauts visuellement (les films sont plus beaux, tandis que la colorimétrie est différente), mais ne parvient pas pour autant à faire de Rebel Moon la grande saga essentielle et immanquable voulue par Netflix et Snyder.

Si les personnages bénéficient d’un meilleur développement (avec des backgrounds plus détaillés, permettant une meilleure cohérence globale dans les enjeux et les relations), la plupart reste des archétypes clichés qui apparaissent sans véritable raison. Il manque à Rebel Moon une certaine simplicité. Tout est porté par le symbolisme, par le mysticisme, offrant au film (et aux interprétations des acteurs) une théâtralité soutenue qui ne fonctionne pas toujours. Heureusement, certaines idées du lore général de Rebel Moon — à commencer par le destin de la famille royale et toute la symbolique (une nouvelle fois) qui l’accompagne — enrichissent et donnent du corps à cet univers.

Rebel Moon.©Netflix

Rebel Moon est toujours aussi paradoxal : derrière l’ambition affichée et le talent esthétique du cinéaste (bien qu’il se repose encore trop sur les effets numériques à outrance), le spectacle n’est pas déplaisant et donne envie de poursuivre l’aventure. L’intensité et la radicalité de la director’s cut permettent également de s’impliquer davantage dans l’histoire et dans le destin des personnages, mais il manque encore une véracité dans le propos et dans l’écriture pour pleinement convaincre. La poésie visuelle qui s’en dégage par moment ne permet pas (encore) à l’émotion de naître.

La deuxième copie de Rebel Moon est à mille lieux du premier jet, mais reste imparfaite.

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