Alors que la planète s’inquiète suite à la découverte d’un nouveau variant du Covid-19, une obscure cryptomonnaie tire son épingle du jeu et enregistre une prise de valeur exceptionnelle. Son nom ? Omicron.
L’Europe et de nombreux pays sont en alerte depuis la découverte du variant B.1.1.529 du SARS-CoV-2. Officiellement baptisé « Omicron » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce nouveau variant provoque une vague d’inquiétude partout dans le monde. D’abord connu sous le nom de « Nu », il a également des répercussions sur le secteur des cryptomonnaies. Véridique. Sensible à l’actualité, ce marché n’a en effet pas tardé à réagir et le bitcoin a rapidement perdu de sa valeur depuis l’annonce de ce variant jugé « préoccupant » et potentiellement plus résistant aux vaccins.
« La propagation du (variant), en particulier à d’autres pays, pourrait réduire davantage l’appétit des investisseurs », a expliqué l’analyste Yuya Hasegawa de Bitbank à l’agence Reuters. « La hausse du BTC sera probablement limitée et le marché devrait se préparer à de nouvelles pertes ». La situation n’est pas inédite ni forcément préoccupante pour les habitués du secteur qui connaissent la volatilité des cryptomonnaies. Certains cryptoactifs peuvent même bénéficier de ce type de situation pour se faire connaître. A ce titre, un token appelé Omicron affole le secteur et a vu son cours s’envoler en quelques jours, avant de s’essouffler depuis quelques heures. Alors qu’il se négociait autour de 65 dollars samedi 27 novembre, le jeton valait jusqu’à 689 dollars ce lundi matin selon CoinGecko.
La progression spectaculaire d’Omicron n’est pas sans rappeler celle de la cryptomonnaie dérivée de Squid Game. Lancée en octobre, elle avait bénéficié de l’engouement autour de la série Netflix du même nom pour voir sa valeur exploser en quelques jours. Elle s’était finalement révélée être une arnaque à plus de 3 millions de dollars.
Un risque de bulle très important
La méfiance entoure donc Omicron et la situation rappelle qu’une trop forte actualité autour d’une cryptomonnaie n’est pas toujours synonyme de point positif. Toutefois, cette cryptomonnaie existait avant l’annonce du nouveau variant et n’a pas l’apparence d’une escroquerie. Le site spécialiste CoinTelegraph explique qu’Omicron est un projet de réserve monétaire décentralisée qui s’appuie sur le réseau Ethereum. Il est dérivé d’un autre projet expérimental appelé OlympusDAO qui se présente comme un « protocole de réserve de monnaie décentralisée gouverné par le token OHM ». Son objectif : développer « un système dans lequel le comportement du token OHM est contrôlé par la DAO », c’est-à-dire une organisation autonome décentralisée (DAO pour Decentralized Autonomous Organization), soit une entité qui fonctionne grâce à des protocoles informatiques.
L’Omicron ne partage donc aucun lien avec le variant, à l’exception de son nom. Un point commun qui lui permet aujourd’hui de faire l’actualité et de faire grimper sa valeur. Il convient néanmoins de rester prudent à son sujet, car rien n’indique que ce jeune projet survivra à l’effet de mode. Il existe un risque élevé de voir la cryptomonnaie perdre de la valeur aussi vite qu’elle l’a gagnée.
Comment l’OMS a (indirectement) donné un coup de pouce à l’Omicron ?
Enfin, il est intéressant de noter que cette popularité soudaine s’explique par la décision de l’OMS de sauter deux lettres dans l’alphabet grec. En effet, le dernier variant s’appelait « mu » et ce nouveau variant aurait dû officiellement s’appeler « nu » – il fût d’ailleurs un temps surnommé Nu. Alors que l’alphabet grec est utilisé pour éviter les discriminations, l’Organisation mondiale de la santé a expliqué à l’Associated Press qu’elle avait évité la lettre nu car cette dernière « est trop facilement confondue avec « new » » qui signifie « nouveau » en anglais.
Concernant la lettre xi, l’OMS ne souhaitait pas l’utiliser « car il s’agit d’un nom de famille courant ». On observe d’ailleurs une certaine proximité avec le nom de famille de l’actuel président chinois, Xi Jinping. « Vous n’avez pas besoin d’être un expert en alphabet grec pour comprendre pourquoi l’OMS passe de nu à omicron, évitant xi », indiquait d’ailleurs Jim Pickard, le journaliste politique du Financial Times. C’est finalement omicron, la quinzième lettre de l’alphabet grec, qui a été retenu.