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Huawei et Android, c’est terminé !

25 juin 2024
Par Pierre Crochart
Le dernier-né de Huawei, le Pura 70 Ultra.
Le dernier-né de Huawei, le Pura 70 Ultra. ©Robert Way/Shutterstock

Le géant chinois organisait le week-end dernier une grande conférence durant laquelle il a présenté des mesures pour le moins drastiques.

Au cours de la Huawei Developer Conference (HDC) – l’équivalent pour la marque de la WWDC d’Apple –, la marque, très chahutée à l’international depuis l’instauration de l’embargo américain en 2019, cherche à se réinventer. Et cela se fera sans Android. Explications.

HarmonyOS passe à la vitesse supérieure

Depuis 2019, Huawei n’a plus l’autorisation d’utiliser du matériel ou des logiciels américains, après des accusations d’espionnage formulées, à l’époque, par le gouvernement de Donald Trump. Une situation qui n’a pas beaucoup évolué en cinq ans et qui a tout simplement ruiné les efforts de conquête de l’Occident du géant chinois. Depuis, la marque (encore numéro 1 en Chine) tente bon an mal an de conserver une présence sur le Vieux Continent, mais sans grand succès – la faute à un système d’exploitation trop contraignant face à l’hégémonie d’Android.

Ainsi, Huawei prend un tournant radical : d’Android, il n’y aura tout simplement plus. C’est l’annonce choc de cette HDC, HarmonyOS NeXT se destine à remplacer purement et simplement le système d’exploitation de Google. Reprenant les bases développées depuis cinq ans en Chine avec HarmonyOS (basé sur la version open source d’Android), ce nouvel OS va plus loin en matière d’indépendance par rapport au géant américain.

D’après les dires de Huawei, son nouvel OS est à la fois plus performant et plus économe en énergie que ne le sont iOS et Android. De plus, le système d’exploitation de Huawei est conçu avec l’interopérabilité au cœur, autorisant son utilisation sur une myriade d’appareils connectés, et pas uniquement les smartphones.

De nombreux défis à relever

En clair, nous assistons là à la naissance d’une « troisième voie », qui pourrait venir chatouiller l’indéfectible duopole actuel représenté par Apple et Google. Néanmoins, il reste encore à voir comment Huawei compte aborder ce virage en Occident. En effet, rappelons que HarmonyOS, le système d’exploitation utilisé par les appareils Huawei en Chine, n’est pas disponible sur les smartphones du groupe lancés en Europe. Le Pura 70, lancé le mois dernier, tourne notamment sous Android avec la surcouche EMIUI.

Peut-être la marque continuera-t-elle sur cette voie, peut-être tentera-t-elle malgré tout sa chance en bouleversant un marché solidement ancré sur ses évidences. Reste que le défi le plus important à relever pour Huawei est bien de nature logicielle : le principal problème des smartphones Huawei depuis 2019 est qu’ils rendent très complexe le simple fait d’installer des applications que l’on a l’habitude d’utiliser au quotidien (à cause de l’absence du Play Store, notamment). Avec HarmonyOS NeXT, même les fichiers .apk, pouvant servir de palliatif à l’utilisation du magasin d’applications de Google, ne seront plus compatibles.

Pourtant, Huawei paraît sûr de son coup. À la HDC, destinée en partie à motiver les développeurs à venir porter leurs applications sur son écosystème, la marque annonce avoir déjà séduit 2,5 millions d’entre eux, en avoir formé 4 millions, et que 900 millions d’appareils (smartphones, tablettes, montres et autres) sont déjà équipés de HarmonyOS.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste
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