L’Organisation internationale de police criminelle s’inquiète des difficultés rencontrées par les forces de l’ordre lors d’enquêtes portant sur l’exploitation sexuelle des enfants.
Le chiffrement de bout en bout mis en place sur les plateformes préoccupe Interpol. Ce système protège la vie privée des utilisateurs en permettant uniquement aux personnes qui communiquent entre elles de lire les messages échangés. Pour l’Organisation internationale de police criminelle, il constitue un obstacle aux enquêtes des forces de l’ordre sur les cas de pédocriminalité en ligne, en empêchant notamment de détecter les abus sexuels. C’est pourquoi elle vient d’adopter une résolution lors de son assemblée générale annuelle à Instanbul.
Celle-ci appelle les pays membres d’Interpol à exhorter les fournisseurs locaux de chiffrement de bout en bout à « prendre leurs responsabilités » et à « concevoir des produits et des services » pour protéger les enfants contre les abus. Elle demande également aux États d’approuver une législation nationale permettant aux forces de l’ordre de prévenir et de répondre aux cas de pédocriminalité sur les plateformes.
Garantir la vie privée et la protection des enfants
Avec cette résolution, Interpol souhaite que les fournisseurs de service protègent la vie privée des utilisateurs tout en garantissant la sécurité des enfants en ligne. « Cette question est souvent présentée comme un jeu à somme nulle, la vie privée contre la protection des enfants, mais les deux peuvent être protégés. Avec la sécurité dès la conception, les fournisseurs de services peuvent respecter leurs obligations en matière de confidentialité et également garantir que l’essor des nouvelles technologies ne se fait pas au détriment de la sécurité des enfants », a déclaré Jürgen Stock, le secrétaire général de l’organisation.
Actuellement, ces deux domaines sont présentés comme étant opposés. Meta a récemment annoncé qu’elle reportait son projet de chiffrer les messages sur Messenger et Instagram afin de pouvoir – à terme – protéger les communications privées des personnes tout en assurant leur sécurité en ligne. Suscitant des inquiétudes par rapport à la détection des abus, l’entreprise a affirmé que l’arrivée de ce système sur ses plateformes n’empêchera pas de les repérer. Au sein de l’Union européenne, la Commission devrait prochainement proposer une solution permanente afin de lutter contre ces crimes. Pour le moment, ce sont des règles temporaires qui ont été approuvées par le Parlement pour permettre aux fournisseurs de services de détecter, supprimer et signaler volontairement les contenus pédopornographiques.