Quelques mois après l’instauration de cet abonnement censé améliorer la confidentialité des usagers, plusieurs associations de consommateurs dénoncent un écran de fumée.
Des associations de consommateurs européennes ont officiellement porté plainte ce jeudi 29 février auprès des instances chargées de la protection des données personnelles. Leur cible ? Meta, le propriétaire des réseaux Instagram, Facebook ou encore WhatsApp, qui propose depuis quelques mois un abonnement entre 9,99 € et 12,99 € (si payé sur smartphone) par mois permettant de réduire le ciblage publicitaire.
Ce qui dérange les associations de consommateurs
Dans cette plainte croisée émanant de France, Slovénie, Espagne, Slovaquie, Danemark, Norvège, Grève et République tchèque, on apprend que la formule payante proposée par Meta n’est qu’un écran de fumée destiné à montrer patte blanche face à un RGPD qui n’est pas bon pour ses affaires. Pour l’UFC-Que Choisir, qui représente le France dans cette plainte, l’abonnement Meta est « un écran de fumée destiné à détourner l’attention du consommateur quant au traitement illicite de ses données personnelles ».
Meta, accusé depuis des années de récolter une quantité déraisonnable de données personnelles (ce qui lui a déjà valu plusieurs amendes) arrive en effet avec une illusion de choix : soit les utilisateurs et utilisatrices acceptent de payer pour que le pistage cesse, soit ils et elles acceptent d’être trackés pour pouvoir accéder au service.
« Ce genre de modèle commercial fondé sur la surveillance pose toutes sortes de problèmes par rapport au RGPD. Il est temps que les autorités chargées de la protection des données mettent un terme au traitement abusif des données par Meta et à la violation des droits fondamentaux », estime Ursula Pachl, directrice générale adjointe du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), dans des propos rapportés par l’AFP et BFMTV.
Le consentement des utilisateurs et utilisatrices bafoué
En creux, estiment les associations de consommateurs, le problème est que Meta n’obtient d’après elles toujours pas le consentement éclairé des millions d’utilisateurs et d’utilisatrices européennes de ses services. « La façon dont Meta demande le consentement n’est pas conforme [au RGPD] », reprend la directrice du BEUC. Pour Ursula Pachl, Meta « tente de contraindre les consommateurs à accepter le traitement de leurs données à caractère personnel ».
« Meta semble penser que pour gagner de l’argent avec la publicité, il est justifié de collecter toutes les données imaginables sur les activités, la localisation, la personnalité, le comportement, les attitudes et les émotions des consommateurs », dénonce encore le BEUC dans son rapport cité par l’AFP.
Un avis du Comité européen de la protection des données est attendu d’ici à la fin mars. La décision devrait échoir à l’autorité irlandaise, Meta ayant installé son siège européen dans le pays.