Critique

L’Amour flou, une (vraie) famille (presque) séparée pour une série déjantée

08 novembre 2021
Par Thomas Laborde
Chacun joue son propre rôle dans la série loufoque “L’Amour flou”, sur la vraie non-séparation de la famille Bohringer-Rebbot.
Chacun joue son propre rôle dans la série loufoque “L’Amour flou”, sur la vraie non-séparation de la famille Bohringer-Rebbot. ©Philippe Mazzoni/Canal+

C’était un film sur une séparation. C’est une série sur la vie ensemble qui a continué. L’actrice-réalisatrice Romane Bohringer et l’acteur-auteur Philippe Rebbot racontent leur vraie vie de couple, avec enfants, séparés mais colocataires. Des dingues follement drôles et attachants.

Romane et Philippe se sont aimés. Ils ont eu deux enfants, Rose et Raoul. Après dix ans ensemble, ils se sont séparés. Une rupture hors norme : plutôt que de s’en aller chacun de leur côté, ils ont décidé ensemble de créer le « sépartement » pour vivre séparés, mais ensemble. Le fantastique film L’Amour flou est sorti en 2018 au cinéma. Romane Bohringer, actrice et fille de Richard, et Philippe Rebbot, grand bonhomme dégingandé connu pour ses rôles au cinéma dans Mariage à Mendoza, Tristesse Club et Des plans sur la comète, racontaient alors leur propre séparation dans une fiction douce-amère, drôle, touchante, avec leurs propres enfants, parents, amis. Une vraie fiction qui raconte la vraie vie avec un vrai scénario sur de vrais événements avec les vrais concernés qui joue de vrais personnages…

Une petite famille un peu folle et puis, Monica Bellucci

Deux ans plus tard, Romane, Philippe – toujours séparés – Rose et Raoul vivent toujours ensemble dans leur appartement coupé en deux. Ils ont décidé de faire de la suite de leur aventure de vie une série pour Canal+. Le concept est toujours le même : chacun joue son propre rôle, dans le véritable appartement de la famille. Et, comme dans le film – qu’il n’est pas nécessaire de voir pour apprécier la série –, l’ambiance est spontanée, légère, drôle, émouvante et décalée.

L’acteur Philippe Rebbot dans son propre rôle, avec son chien, à la piscine.©Philippe Mazzoni/Canal+

Le pitch : comment l’utopie familiale va-t-elle intégrer en son sein l’amour fort qui surgit de l’extérieur ? Romane et Philippe tombent amoureux chacun de leur côté. Tous les repères de leur communauté familiale sont bouleversés. Et l’entourage n’aide pas toujours. Place au cocasse.

« Ces personnages d’amoureux existent vraiment. Le “sépartement”, c’est un endroit où s’écrivent tous les jours de nouvelles aventures, introduit Romane Bohringer, autrice, réalisatrice, actrice, mère de famille de la série. Avec le monde extérieur qui surgit, il y avait matière à raconter. » Le monde extérieur, ce sont l’acteur Éric Caravaca et l’actrice Monica Bellucci qui l’incarnent. Chacun, chacune son amoureux.

“Existe-t-on dans la vraie vie ?”

Monica Bellucci, c’est cette femme intelligente, belle, bienveillante, aimante, sensuelle, douce… Une figure éternelle de l’amour suprême. Elle a dit oui tout de suite quand Romane Bohringer lui a proposé le rôle, au dernier moment. « Et c’était une aventure formidable, sincère, drôle, commente l’actrice. Mais ce n’est pas la réalité. On est dans l’écriture, dans le jeu, dans la réalisation. Romane et Philippe se sont inspirés de leur vie en profondeur, mais pour aller vers une représentation de la réalité. » La réalisatrice rebondit : « On a découvert qu’on pouvait se décliner comme des espèces de doubles de fiction, avec des rebondissements. Le format de la série s’y prêtait, c’était possible. » Philippe Rebbot s’amuse de cette situation étonnante : « Ça pose plutôt la question de si on existe vraiment dans la vraie vie ! Je n’en suis pas sûr… »

Monica Bellucci incarne l’amour de Philippe Rebbot, vrai personnage qui a bouleversé les repères de la tribu.©Philippe Mazzoni/Canal+

Pour trouver la bonne distance, il a fallu exagérer les travers de chacun. « On pousse tout ce que l’on sent, on se sert d’anecdotes et on pousse le curseur, décrypte Romane Bohringer. C’est un journal intime exposé, mais qui recoupe la vérité de ce que d’autres peuvent traverser. » « Rigoler, se moquer de nous-même aide à rendre le truc pas trop impudique », complète Philippe Rebbot.

Au cœur de cette famille, on rit (beaucoup), on s’émeut (pas mal), on s’étonne, on s’interroge, on s’ouvre. Face à l’extraordinaire de la situation, il s’agit de réfléchir à ce qui définit le lien familial et aux différentes formes que peut revêtir l’amour. L’ensemble est formidable d’humour, de poésie, d’émotions. Regorge de rebondissements et de punchlines collector. Et raconte que chaque famille s’en sort comme elle peut. Les acteurs, du fait de liens on ne peut plus étroits, entretiennent une fluidité unique. La mise en scène spontanée confère à L’Amour flou une portée aussi singulière que familière : on n’a jamais rien vu de tel et on peut tous y retrouver un peu de soi.

L’Amour flou, sur Canal+ dès le 8 novembre.

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Article rédigé par
Thomas Laborde
Thomas Laborde
Journaliste
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